Bonjour

Bienvenue sur ce blog, recueil de mythes, contes et légendes de tout temps et de tout lieu.
Bonne lecture...



Oyé oyé...

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vendredi 20 février 2009

La princesse et le pauvre


"Souverain juste, le roi Hamill se morfond. Malade depuis de longues années, la reine ne peut avoir d'enfant. Selon la loi du royaume, Hamil doit abdiquer en faveur de son jeune frère Migal, cruel... Miraculeusement un fils vient au monde mais Migal le fait disparaître. Le roi recueille alors une petite fille qu'il élèvera comme son enfant. Bien des années après la jeune femme rencontrera par hasard deux pauvres : l'un d'eux est le vrai fils du roi... Mais lequel ?"


lundi 16 février 2009

Pilotte, la petite chienne

Dans une ruelle de Paris, errait une petite chienne sans maître, ni toit. Une charette surchargée suivie de 6 hommes avançait lentement dans un tapage étourdissant.
La petite chienne se mit à japper mais les hommes et le cheval l'ignorènt complètement. Elle décida d'escorter le convoi. Elle le fit tout le jour et lorsqu'on s'arrêta, elle passa la nuit à la belle étoile avec eux. Ce fut le début d'une grande aventure.
Le convoi se rendit à Dieppe et s'embarqua à bord d'un vaisseau en partance pour le Canada.
Après une longue traversée, ils se retrouvèrent, avec d'autres hommes et quelques femmes, dans des embarcations de fortune remontant le fleuve Saint-Laurent. À leur tête, le colonel Paul Chomedy de Maisonneuve, fondateur et premier gouverneur de Ville-Marie. Leur mission: fonder Ville-Marie (aujourd'hui appelé Montréal). Nous sommes en 1642.
Faisant fi des rigueurs de l’hiver canadien, de la forêt inhospitalière, des difficultés d’approvisionnement et de communication, M. de Maisonneuve et ses compagnons s’établirent sur l’Île de Montréal.
Dès ses premiers jours sur le sol de la Nouvelle-France, la petite chienne montra une animosité imprévue à l’endroit des Iroquois.
Monsieur de Maisonneuve et Lambert Closse son fidèle lieutenant, l'adoptèrent et la nommèrent Pilotte. On l’entraîna à dépister les Iroquois qui ne cessaient pas d’épier et de harceler Ville-Marie. Les guerriers iroquois se cachaient un peu partout autour des fortifications et abattaient, lorsqu’ils le pouvaient, un charpentier, un scieur de bois ou quelques colons travaillant dans les champs mis en culture près des fortifications. Nuit et jour, Ville-Marie devait soutenir une guerre acharnée et incessante d’embuscades et de surprises.
Pilotte faisait sa ronde chaque jour avec d’autres chiens jusque dans la forêt et ne manquait jamais de dépister une bande d’Iroquois cachés ça et là. Douée d'un instinct sans pareil pour dépister un ennemi, elle étonnait par sa persévérance et son intelligence. Quand on entendait ses hurlements d'alerte, on s'empressait d'avertir ses maîtres.
Un jour de 1644, alors que Pilotte faisait sa ronde comme tous les matins, on l'entendit aboyer et hurler comme jamais auparavant. Les chiens qui l'accompagnaient l'imitèrent. Évidemment, on avisa M. de Maisonneuve qui à la tête de trente hommes, se dirigea vers la forêt où l'attendaient deux cents Iroquois bien embusqués. Une escarmouche s'en suivit et M. de Maisonneuve en sortit vainqueur et devint un héros.
Ainsi grâce à l'alerte donnée par la brave Pilotte, Montréal fut sauvée.

jeudi 12 février 2009

La chaleur

Au commencement, avant qu'il y ait des hommes, il y eut un hiver prolongé. Le soleil demeurait caché par des nuages noirs et bas. Il neigeait sans interruption. Sous le ciel noir, la terre était toute blanche de neige et de glace.
Cela durait depuis trois ans, quand un jour, tous les animaux se réunirent en un grand conseil afin de décider que faire, car autrement ils allaient tous mourir de froid et de faim. Tout le monde était là : les bêtes à quatre pattes, les bête à plumes et les créatures marine couvertes d'écailles. L'opinion générale fut que c'était l'absence de chaleur, de tiédeur même, qui prolongeait cet hiver sans fin. Remarquant qu'il n'y avait aucun ours dans l'assemblée, on s'avisa soudain que personne, depuis trois ans, n'avait vu d'ours.
Un animal fort sage déclara : "Peut-être gardent-ils la chaleur pour eux seuls. Allons voir."
Ils désignèrent donc, pour en savoir plus, un détachement comprenant le loup, le renard, le carcajou, le lynx, la souris, le brochet et la roussette.
En ce temps-là les ours habitaient un monde lointain, au-dessus de la terre. Par bonheur, les envoyés trouvèrent un trou dans le ciel, par où passer. En parcourant ce monde-du-dessus, ils arrivèrent à un lac. Il y avait une hutte, et devant la hutte un feu brûlait. A l'intérieur, ils découvrirent deux oursons, blottis l'un contre l'autre.
"Où est votre mère ? s'enquirent les animaux.
- Elle est partie à la chasse" répondirent les oursons. Les visiteurs regardaient autour d'eux. Des sacs divers étaient accrochés aux poutre.
Le lynx demanda, montrant le premier sac :
"Qu'est-ce qu'il y a dans ce sac ?
- C'est celui où notre mère range la pluie, répondirent les petits.
- Et dans celui-ci ? demanda la souris.
- Il est rempli de vents.
- Tiens, et celui-là ? dit le renard.
- Oh, dans celui-là, elle met le brouillard.
- Et dans celui-là, dit le carcajou, qu'est-ce que votre maman met dans celui-là ?
- Oh, nous n'avons pas le droit de le dire, répondirent les oursons. C'est un secret. Maman nous a bien dit que personne ne devait savoir ce qu'il y avait dans ce sac.
- Allons, mais nous, nous sommes des amis, dit le loup. A nous, vous pouvez bien le dire.
- Non, non ! Si nous le disons, maman va nous battre.
- Mais elle n'en saura rien, dit le lynx. Ce n'est pas nous qui irons vous dénoncer.
- Bon, ben alors, eh bien : ce sac, c'est là qu'elle met la chaleur.
- Merci, gentils petits ours, dit la souris. Vous nous avez dit tout ce que nous voulions savoir."
La délégation des animaux sortit et tint conseil. Ils décidèrent de se cacher pour que l'ourse ne les voie pas à son retour. Mais, d'emblée, la souris sauta dans le canoë de l'ourse, et grignota presque tout le manche de la pagaie. Après une longue attente, ils aperçurent la mère ourse de l'autre côté du lac. Le lynx alors, en un clin d'oeil, fit le tour du lac et apparut soudain devant l'ourse, métamorphosé en un jeune caribou dodu.
"Vite ! Vite, les enfants, cria la mère ourse. Aidez-moi à attraper ce caribou pour notre souper." Les oursons accoururent, patauds et empressés d'être utiles à leur mère. Le lynx les attirait loin dans les profondeurs de la forêt. Pendant ce temps, les autres animaux se glissèrent dans la hutte, décrochèrent le sac de sa poutre et l'emportèrent, le traînant à grand-peine. Le caribou-lynx rejoignit le lac, plongea et se dirigea à la nage vers l'autre rive et la hutte. La mère ourse sauta dans son canoë et pagayait avec ardeur pour le rattraper quand, au beau milieu du lac, sa pagaie se cassa en deux, juste à l'endroit que la petite souris avait grignoté. L'ourse culbuta dans l'eau, faisant chavirer le canoë.
Pendant ce temps, le lynx atteignit la rive et reprenait sa forme habituelle.
"Faites vite, cria-t-il aux autres, cette ourse va être à nos trousses, c'est sûr !"
Les animaux se relayèrent pour traîner le sac, lourd de chaleur, vers l'ouverture qui menait au monde-du-dessous, à leur monde. Quand l'un était épuisé, il passait le fardeau à un autre. Cependant, la vieille ourse les serrait maintenant de près, et les animaux les plus robustes n'en pouvaient plus. Mais le brochet et la roussette, eux, avaient encore leurs forces, et à la dernière seconde, alors que les crocs de l'ourse claquaient juste derrière eux, ils réussirent à faire passer le sac par le trou dans le ciel, et toute la petite bande se faufila juste à temps. Ils étaient saufs. A peine revenus dans leur monde-du-dessous, ils déchirèrent le sac. Aussitôt la chaleur s'en dégagea et se répandit dans toutes les directions, faisant fondre neige et glace, dispersant les nuages noirs et faisant briller à nouveau le soleil. Cependant, tout ce dégel causa une immense inondation, qui couvrit toute la terre et menaçait de noyer toutes les créatures vivantes. Or il y avait en ce temps-là sur la terre un arbre gigantesque, si haut qu'il atteignait presque le monde-du-dessus. Pour échapper à la noyade, les animaux grimpèrent jusqu'à ses plus hautes branches, criant :
"A l'aide, quelqu'un ! A l'aide !"
C'est alors qu'apparut un poisson géant, venu on ne sait d'où, qui but toute l'eau de l'inondation et se changea ce faisant en une haute montagne.
Après cela, le soleil assécha la terre, les arbres se couvrirent de feuilles, les fleurs s'épanouirent, et ce fut de nouveau l'été, à la grande joie de tous les êtres vivants.

Le caméléon amoureux

Dans un pays loin, très loin vers l'Amazonie par-là bas, Existait un endroit où les enfants étaient rois et les parents des sorciers savants.On dit qu'un jour une femme d'une grande beauté aux longs cheveux noirs, une sorte de fée qui s'appelait Amazone, fût noyée par des conquistadors espagnols dans le fleuve…On donna alors son nom d'Amazone au fleuve et d'Amazonie au pays qui le traverse.On dit que depuis qu'elle est devenue sirène et qu'elle hante les eaux du fleuve par un chant d'attirance irrésistible pour les hommes.
Ce pays regorgeait d'animaux de toutes sortes, au milieu d'eux s'en trouvait un merveilleux…On ne laisse jamais assez de place aux animaux… c'est pourquoi je vous raconte celle aujourd'hui d'un caméléon que la nature par surprise rendit amoureux d'une fée.
Ce n'est déjà pas simple pour un humain homme d'être amoureux d'une femme, encore moins d'une fée, mais pour un caméléon, autant vous dire que c'est encore moins simple !
Notre caméléon vivait dans une forêt amazonienne peuplée de multiples variétés de vies que même nous, être humains ne pourrions imaginer. Des arbres plantes qui touchaient les nuages, des fleurs comme des pluies colorées d'arc-en-ciel… Il y avait des singes graciles, des oiseaux de paradis, des mouches qui donnent le sommeil éternel, des panthères élégantes aux aguets, et la nuit, des chauves-souris grandes comme des avions, ainsi que tous les monstres des placards venus ici se faire oublier… Bons comme mauvais, toute la création vivait ici et bien sûr, les fées !
C'est là que notre caméléon paisible, une nuit d'été où les grillons avaient des voix de ténors, alors qu'il était appliqué à se redessiner un corps sur une feuille aux multiples couleurs, il l'a vit. Comme elle était belle se dit il…
Il resta là, toute la nuit sur sa feuille sans bouger, la regardant dormir, ignorant même son passage à d'autres couleurs, à se demander comment la séduire, car c'était évident ! Ils se marieraient un jour ou l'autre, vivraient heureux et auraient beaucoup d'enfants ! Le caméléon est confiant par nature, il ne doute de rien !
Le caméléon est un être paisible, il n'aime pas les conflits, surtout quand il aime. Etre caméléon, c'est être en sois philosophe, avoir une intelligence intérieure, quelque chose qui dit :" chantes beau merles ! Fanfaronnes devant moi ! Moi je suis caméléon, je saurais et attendre et te surprendre…

Etre caméléon et voir une fée gracile, c'est comme être une chaussette de garçon à sécher à côté de culottes de filles !
Notre caméléon se dit : " comment l'approcher ? Comment la séduire, avoir une chance de lui plaire ? Je sais que je suis fait pour elle et elle pour moi ! Comment l'en convaincre ?"
En même temps… se disait-il, les fées connaissent-elles l'histoire passée des caméléons ? Le passé de quelqu'un c'est difficile des fois de le comprendre…
Quelques fois on fait des choses pas bien, puis l'on grandit dans son corps ou dans sa tête, on change, on est plus l'animal que les autres ont connu avant, et pourtant souvent, les singes graciles, les mouches du sommeil éternel, les oiseaux de paradis, ne croient pas que le caméléon puisse changer. Alors la fée elle ? Le croirait-elle ? Que de questions, que de difficultés à dépasser, que de patience et d'observation il allait lui falloir. Aimer une fée quand on est caméléon c'est comme être Dieu en enfer…
Toutefois, il s'averra que la fée de verre, car c'était comme cela qu'elle s'appelait, la fée de verre transparente comme l'eau limpide du torrent, à la fois fragile mais blindées comme les portes des banques, transparente comme l'air libre des montagnes, vint chanter chaque jour au bord du ruisseau ou vaquait caméléon…
Caméléon aime se dessiner au bord des ruisseaux qui murmurent. Il se pose sur une feuille colorée, tourne son œil mobile dans tous les sens, observe s'il n'y a pas d'ennemis autour, puis s'applique à prendre ses plus jolies couleurs et remplir sa feuille de dessin de lui-même. C'est sa vie à lui, se dessiner, mettre des couleurs dans le paysage que l'on attend pas. Il a même essayé le bleu du ciel une fois… Si, si ! Il y est arrivé ! Il est très doué !
Caméléon se dit alors… Je n'ai pas de jambes, ni de bras pour l'enlacer… Mais je peux peut être lui faire croire que je suis quelqu'un d'autre ? Changeons de couleurs, prenons une couleur d'oiseaux de paradis pour plaire à la transparence de la fée et racontons-lui une histoire d'oiseaux de paradis.
C'est ainsi qu'il osa lui dire bonjour, persuadé qu'il était un oiseau de paradis et à vrai dire la fée le crût.D'ailleurs il était très convaincant avec son déguisement et aussi très intéressant. Les fées aiment les gens qui ont des choses à dire de toutes les façons ! Ça tombait bien ! Elle tomba amoureuse de l'oiseau de paradis…
Mais très vite caméléon fut ennuyé… Il n'avait toujours ni bouche pour l'embrasser ni bras pour l'enlacer… Mais il n'en savait pas encore assez sur elle, et voulait être sûr de lui plaire.
Il se dit qu'un singe malicieux, connaissait toutes les ruses de cow-boys ! Tout ce qu'il faut pour faire parler les femmes et les fées et leur faire du "bla bla" comme elles aiment. Il se déguisa donc en singe malicieux. La fée de verre une fois de plus se confia à lui, aimant ce singe malicieux, mais se demandant en même temps ou avait bien pu passer son oiseau de paradis…
La fée elle était amoureuse un peu quand même de l'oiseau de paradis ! Cette fois si, il avait des bras pour l'enlacer une bouche pour lui faire des bisous… Mais il était velu comme un singe !!!!Et c'est bien connu ! Les fées n'aiment pas les poils !
Flûte ! Se dit-il. Comment faire ?
Or il se passa une chose imprévue dans la forêt un jour… Une star hollywoodienne qui cherchait la solitude vint camper sur les bords de l'Amazone… Il était fatigué de la ville, fatigué des femmes, fatigué du cinéma et de la célébrité, fatigué de signer des autographes…Fatigué quoi !Une nuit ou il avait trop bu pour oublier sa vie nulle, il se mit tout nu, cria, pleura, déchira tous ses vêtements, jeta tout son argent dans le feu de camps et les photos prévues pour les autographes ! Tout ! Il devint fou en quelque sorte le temps d'une nuit…
Les animaux présents s'en souviennent encore, ils étaient navrés de voir ça ! Les animaux se dirent : " Quand on ne sait pas boire monsieur ! On ne boit pas !"
Au matin, une pirogue vint le chercher et la forêt retrouva son calme…
Toutefois… Caméléon regarda du haut de sa feuille les restes du feu de camps de la veille et vit qu'une des photos prévue pour les dédicaces n'avait pas brûlée…
Ah, ah… se dit-il. Voilà ma chance !Comme il ne savait plus qu'elle enveloppe adopter, il se posa sur la photo de la star et pris sa couleur et sa forme… Là se dit-il… c'est gagné ! Ma fée va m'aimer…
Mais ! Car il y a toujours un mais dans les histoires, la pie narquoise blanche et noire depuis le début suivait cette passionnante aventure ! Elle n'avait pas lu le journal "Voili" depuis qu'elle avait quitté la France pour ses vacances ici et s'ennuyait un peu. L'histoire du caméléon et de la fée de verre était tombée à pic ! Elle les suivait de branche en branche, notant de sa plus belle plume les mots d'amour pour s'en souvenir si un jour elle se décidait à faire un nid.
Donc notre caméléon en couleur de star séduisit à nouveau la fée… Et la fée tomba très amoureuse… Son cœur était un peu en mille morceaux à cause de l'oiseau de paradis et du singe malicieux dont elle ne comprenait pas qu'elle n'en eut aucune nouvelles. Mais le caméléon star lui plaisait ça c'est sur !
Un jour il ne voulut plus lui mentir et il lui dit :"Je ne suis pas une star, je suis juste caméléon tu sais…" Mais la fée de verre elle, elle s'enfichait, quand on voit avec les yeux de l'amour, que l'on soit caméléon, oiseau de paradis, ou singe malicieux peu importe, le tout n'est-il pas d'être honnête avec ceux qu'on aime ?
Alors ils se marièrent effectivement, furent heureux aussi, n'eurent pas beaucoup d'enfants parce que mettre plein d'enfants sur une seule feuille d'arbre c'est pas commode mais… Il s'aimèrent tant que cela remplaça le manque.
Aujourd'hui, quelque part en Amazonie un caméléon par sa ténacité et un peu de ruse il faut dire est marié à la plus belle des fées… C'est la pie narquoise qui me l'a raconté sur ma fenêtre ce matin à son retour de vacances.
Depuis le caméléon change un peu de forme et un peu de couleur encore elle m'a dit, mais juste pour s'amuser… Alors la fée ferme les yeux il faut bien que chacun ait un petit jardin secret…Un petit jardin qui, quand on ferme les yeux, peut être aussi long que le fleuve Amazone…

mercredi 11 février 2009

La légende de Rose Latulipe

Rose était la fille unique d'un dénommé Latulipe.
Celui-ci l'adorait, il tenait à elle comme à la prunelle de ses yeux. Et, il va sans dire, Latulipe ne pouvait rien refuser à sa fille.
Rose était une jolie brunette, mais un peu éventée. Elle avait un amoureux nommé Gabriel, à qui elle était fiancée depuis peu. On avait fixé le mariage à Pâques. Rose aimait beaucoup les divertissements, si bien qu'un jour de Mardi gras, elle demanda à son père d'organiser une soirée de danse. Celui-ci accepta, bien sûr, mais il fit promettre à Rose que tous les invités seraient partis à minuit car ce serait alors le Mercredi des Cendres.
Il pouvait être onze heures du soir, lorsque tout à coup, au milieu d'un cotillon, on frappa à la porte. C'était un monsieur vêtu d'un superbe capot de chat sauvage. Il demanda au maître de la maison la permission de se divertir un peu.
-C'est trop d'honneur nous faire, avait dit Latulipe, dégrayez-vous, s'il vous plaît, nous allons faire dételer votre cheval.
On lui offrit de l'eau-de-vie. L'inconnu n'eut pas l'air d'apprécier la boisson offerte. Il fit une grimace en l'avalant; car Latulipe, ayant manqué de bouteilles, avait vidé l'eau bénite de celle qu'il tenait à la main, et l'avait remplie d'alcool.
C'était un bel homme que cet étranger mais il avait quelque chose de sournois dans les yeux. Il invita la belle Rose à danser et ne l'abandonna pas de la soirée. Rose se laissa subjuguer par cet élégant jeune homme habillé de velours noir. Elle était la reine du bal.
Quant au pauvre Gabriel, renfrogné dans un coin, ne paraissait pas manger son avoine de trop bon appétit.
Une vieille tante, assise dans sa berceuse, observait la scène en disant son chapelet. À un certain moment, elle fit signe à Rose qu'elle voulait lui parler.
-Écoute, ma fille, lui dit-elle; je n'aime pas beaucoup ce monsieur, sois prudente. Quand il me regarde avec mon chapelet, ses yeux semblent lancer des éclairs.
-Allons, ma tante, dit Rose, continuez votre chapelet, et laissez les gens du monde s'amuser.
Minuit sonna. On oublia le Mercredi des Cendres.
-Encore une petite danse, dit l'étranger.
-Belle Rose, vous êtes si jolie, je vous veux. Soyez à moi pour toujours?
-Eh bien! oui, répondit-elle, un peu étourdiment.
-Donnez-moi votre main, dit-il, comme sceau de votre promesse.
Quand Rose lui présenta sa main, elle la retira aussitôt en poussant un petit cri, car elle s'était senti piquer; elle devint très pâle et dut abandonner la danse.
Mais l'étranger, continuait ses galanteries auprès de la belle. Il lui offrit même un superbe collier en perles et en or: «Ôtez votre collier de verre, belle rose, et acceptez, pour l'amour de moi, ce collier de vraies perles.» Or, à ce collier de verre pendait une petite croix, et la pauvre fille refusait de l'ôter.
Pendant ce temps, deux jeunes gens qui étaient allés s'occuper du cheval de l'étranger avaient remarqué de bien étranges phénomènes. Le bel étalon noir était certes, une bien belle bête mais pourquoi dégageait-il cette chaleur insupportable? Toute la neige sous ses sabots avait fondu. Ils rentrèrent donc et, discrètement, firent part à Latulipe de leurs observations.
Le curé, que Latulipe avait envoyé chercher, arriva; l'inconnu en tirant sur le fil du collier de verre de Rose l'avait rompu, et se préparait à saisir la pauvre fille, lorsque le curé, prompt comme l'éclair, s'écria d'une voix tonnante:
-Que fais-tu ici, malheureux, parmi les chrétiens?
-Cette jeune fille s'est donnée à moi et le sang qui a coulé de sa main est le sceau qui me l'attache pour toujours, répliqua Lucifer.
-Retire-toi, Satan, s'écria le curé. Il prononça des mots latins que personne ne comprit. Le diable disparut aussitôt avec un bruit épouvantable en laissant une odeur de soufre dans la maison....
Cinq ans après, une foule de curieux s'étaient réunis dans l'église, de grand matin, pour assister aux funérailles d'une religieuse. Parmi l'assistance, un vieillard déplorait en sanglotant la mort d'une fille unique, et un jeune homme, en habit de deuil, faisait ses derniers adieux à celle qui fut autrefois sa fiancée: la malheureuse Rose Latulipe.

dimanche 8 février 2009

Coralie petite fée

Un dernier coup d'oeil dans le miroir, l'habit de fée est réussi, du bleu pour la robe qui finit en guirlandes, du rose sur les joues et sur les jolies sandales. Le chapeau (de fée) laisse s'envoler un flot de mousseline blanche Coralie est prête pour le bal du Carnaval des enfants. Elle tourne, a gauche, à droite, lance ses yeux par dessus son épaule et se trouve....ravissante.
Hugo, le beau Robin des Bois qui fait chavirer toutes les filles de sa classe aura-t-il un regard pour elle? Coralie fait oui de la tête et sourit encore une foisà son reflet. Mais il manque quelque chose à cette petite fille qui se prend pour une messagère de bonheur sur terre. La baguette Coralie, la baguette magique sans laquelle tu ne serais rien qu'une petite fille déguisée et pas une vraie fée. Maman appelée au secoours écarte les bras en signe d'impuissance, on a pensé à tout, au costume, au jupon, au voile, au maquillage, pas à la baguette !
La petite a soudain au fond des yeux la petite lueur qui annonce les chagrins de fillette et Maman fond, comme toujours lorsqu'elle la remarque. Alors elle a une idée, une vraie idée de maman. On va descendre dans la petite boutique du brocanteur, ce vieux fou qui collectionne les vieilles reliques, les vestiges des appartements désertés, persuadé qu'il vendra quelque chose un jour et on dégottera bien dans son bric à brac, quelque chose qui ressemblera à une baguette de fée. Aussitôt dit, aussitôt fait (fée?) on se retrouve dans le capharnaüm du vieil original qui dit oui, en chevrotant, oui baguette magique je vends ! Coralie regarde une fois sa montre, une fois sa mère, le vieux lui, a disparu sous la poussière... et réapparaît, triomphant, un bout de cristal blanc dans la main. Pour crédibiliser sa trouvaille, il l'agite et soudain dans l'air se dégage quelque chose qui ressemble à une poussière d'étoiles, un nuage qui les fait éternuer toutes les deux.
Le nuage évanoui, c'est un vulgaire morceau de plexiglass qui reste entre les mains du petit marchand, maman glisse un oeil sur la déception de Coralie, qui d'un haussement d'épaules, dira : "C'est mieux que rien".
Sitôt dans l'escalier, l'enfant s'entraîne à seprendre pour une véritable fée, soulève un peu sa jupe de satin et dirige la baguette sur le mur qui aurait bien besoin d'un coup de pinceau. Bruit d'étincelles, la petite a sursauté mais elle est sûre que le panneau a bougé, elle ne dira rien, on pourrait se moquer de son identification à Clochette ou Mélusine !
Sur le chemin qui les mène à l'école ou la maîtresse attend son petit monde, Coralie saute d'un pied sur l'autre,gambade et joue de la baguette comme une pro. Elle s'approchera de Robin des Bois, alias Hugo, lui embrassera le front et apposera la baguette de fée sur son épaule droite en premier pour en faire un prince charmant. Tout en répétant sa mise en scène, elle heurte la sienne d'épaule et il lui pousse une aile dans le dos, la même chose de l'autre côté et voilà une seconde aile à droite. Un frôlement sur la robe et celle- ci s'évanouit dans le bitume, Coralie s'élève dans le ciel, Coralie s'est habillée en fée Clochette et d'un seul coup d'ailes a rejoint les autres. Il y a beaucoup de poussière d'étoile qui l'entoure dans son vol, la même poussière scintillante que tout à l'heure chez le brocanteur.
Le bonhomme avait raison : la baguette est magique!

jeudi 5 février 2009

La légende de la reine Epine

Il était une fois, il y a bien longtemps, un minuscule pays qui était si petit qu'il n'y avait trace de lui dans aucune carte. Ce pays, le monde fantastique, était gouverné par la reine des fées. C'était une dame magnifique, elle avait de longs cheveux blonds, de grands yeux gris et un sourire radieux. Ce pays était très prospère, on ne connaissait ni la peur, ni la faim, ni la soif, ni la misère, ni les guerres.
Ses habitants vivaient en harmonie avec les animaux et leur seule nourriture était faite de pétales de fruits ou de roses dont chaque espèce ou couleur apportait un pouvoir ou une essence naturelle indispensable à leur survie.
Les lacs d'eau, intarissables, étaient si clairs et si transparents que l'on pouvait voir les milliers de poissons couleur de feu qui y vivaient. Dans les forêts, le soleil se reflétait sur les branches en or ou en argent. Les gens ne connaissaient pas la misère car chaque fruit était enrobé d'une matière précieuse: toutes les cerises étaient recouvertes d'une enveloppe de diamant, les framboises de saphir, les poires de rubis, les pommes d'émeraudes, les pêches d'aigue-marine... une fois la précieuse enveloppe retirée, on pouvait manger le fruit juteux.
Les plumes des oiseaux étaient de soie, et la fourrure des animaux était de satin. Les robes des demoiselles étaient le plus souvent de tulles et plus rarement de soie ou de satin car il fallait attendre qu'un animal meurt de mort naturelle pour lui ôter sa fourrure ou son plumage. Les coutures ou broderies étaient de fils d'or blanc, et ornées de milliers d'éclats de cristal. les chapeaux étaient cousus fil par fil à la main, et les écharpes ou les gants n'existaient pas, car l'hiver n'existait pas.
Dans ce pays toutes les femmes étaient différentes mais toutes plus belles les unes que les autres et les hommes, tous des seigneurs, ne connaissaient pas la jalousie.
Mais ce pays était si petit que personne, sauf ses habitants, ne pouvait le trouver, les terriens en firent donc une légende. Idéalisé, le pays devint une véritable quête et une obsession pour le reste de la planète qui connaissait le froid, la peur et la misère.
Le monde, à cette époque, ne s'organisait alors qu'autour de la perspective de trouver ce beau pays. Les habitants du monde fantastique se faisaient de plus en plus de soucis à cause de cette frénésie qui touchait la planète.
La reine des fées, qui était la dernière de son espèce se tourmentait à ne savoir que faire. Si les terriens venaient à trouver le pays ils le pilleraient, tueraient toutes les bêtes, voleraient toutes les richesses, emporteraient toutes les femmes, videraient l'eau des lacs, et couperaient tous les arbres.
Leur terre ne serait plus et leur prospérité ne serait plus qu'une légende. La seule solution pour que le pays ne fusse pas envahie, était pour la reine de vivre comme le commun des mortels et de se marier avec un terrien qui serait aussi bon que les gentils hommes de son royaume. Mais la reine ne pourrait jamais tomber amoureuse, car les reines ne pouvaient pas.
Elle décida alors de quitter ses beaux atours et de s'habiller en terrienne, mais une fois le moment venu de partir elle dut laisser son cheval à l'écurie car sa robe couleur de neige et ses crins couleur de lune les trahiraient tous deux.
Elle fit donc ses adieux à son peuple, qui pour la première fois connut la douleur et la tristesse. elle prit son sac dans lequel elle avait emporté quelques sortilèges et quelques trésors et partit à pied sur le long chemin qui la mènerait hors de son royaume. Elle marcha pendant 100 jours et 100 nuits dans les forêts sombres et la neige froide que connaissait le monde extérieur. Puis elle arriva enfin à une auberge, où elle demanda une chambre pour la nuit.
Le lendemain elle partit très tôt pour la ville. Dans celle-ci où tout lui semblait plus dure, elle demanda, loua une chambre pour une année, dans un modeste logis.
Cinq mois étaient déjà passés, et déjà dans tout le pays tout le monde ne parlait que de cette merveilleuse femme qui tous les jours achetait une centaine de roses. Personne ne savait d'où elle venait, et personne n'avait vu si grande beauté. On dirait même que ses cheveux étaient d'or et que ses yeux étaient de diamants. Bientôt tous les hommes du royaume voulurent l'épouser, si bien que la reine des fées dut s'enfermer dans sa chambrette pour n'en sortir que la nuit ou dissimulée sous une cape. Elle allait chercher de l'eau fraîche et des roses pour se nourrir.
Un jour le fils du roi qui ne pouvait se marier tant il trouvait laide et sotte les demoiselles de son pays, entendit parler de la désormais légendaire beauté de la reine qu'on surnommait Epine, du fait de ses achats de roses.
Il décida de faire le plus grand et le plus beau bal que le monde n'ai jamais vu. Il envoya une carte à Epine qui lassée de cette banale vie de mortel décida d'aller au bal. pour l'occasion elle cassa l'écorce d'une cerise, et échangea l'écorce de diamant contre la plus belle robe de tous le royaume. C'était une robe bleu couleur de ciel sur laquelle elle fit accrocher des éclats de diamants.
Elle brossa ses longs cheveux et loua un carrosse ou elle partit pour le bal. Quand elle arriva, tout le monde comprit qu'elle était la belle Epine. le roi l'aperçut et après avoir faillit s'étouffer il la désigna à son fils. Epine comprit que la fête avait été réservée en son honneur car le sol, les tables et les murs étaient recouverts de roses de toutes les couleurs, et bien qu'elle en eu l'eau à la bouche elle ne laissa rien paraître.
Quand le prince s'approcha de la fée, il eut les yeux brûlés par sa beauté. Il sut alors qu'il avait enfin trouvé la femme de sa vie. En effet, il avait entendu dire que la dame était d'une intelligence et d'une culture rare. Quant à elle, la reine qui n'avait que 20 ans, n'était pas dupe et sut qu'elle ne pouvait tomber amoureuse.
Deux mois passèrent, et le mariage d'Epine et du prince Constant fût célébré. La reine avait accomplie sa mission, et son royaume ne serait pas envahie, car désormais, le monde ne tournait qu'autour de la merveilleuse beauté de la fée. Même si son mari était très beau, gentil et très attentif à ses moindre désir, Epine souffrait de l'absence de son peuple, de ses amis, et de son magnifique cheval.
Elle savait qu'elle ne pourrait revenir chez elle qu'après avoir donné une fille aussi belle qu'elle, et qui aurait hérité de ses vertus magique. D'année en année, Epine s'attacha à son mari, ils s'entendaient merveilleusement bien et elle savait que si elle pouvait elle serait amoureuse de lui.
Dix ans plus tard, la futur princesse soufflait ses cinq bougies. Mais les deux autres enfants n'étaient jamais venu au monde.
La reine, de plus en plus triste, demanda à son mari de la laisser retourner d'où elle venait pour une année avec leur fille, et elle jura qu'après elle reviendrait. Le prince accepta et la reine revint dans son pays ou elle éleva sa fille pour qu'elle puisse s'accoutumer à ses futurs taches de reine. L'année suivante elle revint avec sa fille et décida de repartir chez elle avec son mari.
Elle se dit qu'elle lui dirait toute la vérité, mais que si il ne voulait pas garder le secret elle devrait le tuer.
Epine, de son surnom, expliqua alors dans une conversation qui dura 10 jours et 10 nuits à son époux son histoire, et enfin lui demanda de venir avec elle. Il lui dit qu'il devait réfléchir, elle lui accorda une année entière pour qu'il puisse se décider. L'année suivante, la petite princesse qui se nommait Sarrinna avait 7 ans, et le temps était venu pour son père de donner sa réponse à sa femme.
Il accepta de partir avec elle. Quand ils arrivèrent dans le monde fantastique, le prince pleura devant tant de beauté. Trois années plus tard la princesse prit le pouvoir et la reine des fées eu alors le droit d'aimer, car le royaume n'était plus à sa charge. Elle eut enfin droit au pur bonheur, elle aimait sa fille, son mari et tous deux l'aimaient aussi.
Quant au reste de la planète, les gens ne consacrèrent leur attention que sur la belle histoire, qui devint légende du prince et de la belle Epine qui disparurent un beau matin de printemps.