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jeudi 12 février 2009

La chaleur

Au commencement, avant qu'il y ait des hommes, il y eut un hiver prolongé. Le soleil demeurait caché par des nuages noirs et bas. Il neigeait sans interruption. Sous le ciel noir, la terre était toute blanche de neige et de glace.
Cela durait depuis trois ans, quand un jour, tous les animaux se réunirent en un grand conseil afin de décider que faire, car autrement ils allaient tous mourir de froid et de faim. Tout le monde était là : les bêtes à quatre pattes, les bête à plumes et les créatures marine couvertes d'écailles. L'opinion générale fut que c'était l'absence de chaleur, de tiédeur même, qui prolongeait cet hiver sans fin. Remarquant qu'il n'y avait aucun ours dans l'assemblée, on s'avisa soudain que personne, depuis trois ans, n'avait vu d'ours.
Un animal fort sage déclara : "Peut-être gardent-ils la chaleur pour eux seuls. Allons voir."
Ils désignèrent donc, pour en savoir plus, un détachement comprenant le loup, le renard, le carcajou, le lynx, la souris, le brochet et la roussette.
En ce temps-là les ours habitaient un monde lointain, au-dessus de la terre. Par bonheur, les envoyés trouvèrent un trou dans le ciel, par où passer. En parcourant ce monde-du-dessus, ils arrivèrent à un lac. Il y avait une hutte, et devant la hutte un feu brûlait. A l'intérieur, ils découvrirent deux oursons, blottis l'un contre l'autre.
"Où est votre mère ? s'enquirent les animaux.
- Elle est partie à la chasse" répondirent les oursons. Les visiteurs regardaient autour d'eux. Des sacs divers étaient accrochés aux poutre.
Le lynx demanda, montrant le premier sac :
"Qu'est-ce qu'il y a dans ce sac ?
- C'est celui où notre mère range la pluie, répondirent les petits.
- Et dans celui-ci ? demanda la souris.
- Il est rempli de vents.
- Tiens, et celui-là ? dit le renard.
- Oh, dans celui-là, elle met le brouillard.
- Et dans celui-là, dit le carcajou, qu'est-ce que votre maman met dans celui-là ?
- Oh, nous n'avons pas le droit de le dire, répondirent les oursons. C'est un secret. Maman nous a bien dit que personne ne devait savoir ce qu'il y avait dans ce sac.
- Allons, mais nous, nous sommes des amis, dit le loup. A nous, vous pouvez bien le dire.
- Non, non ! Si nous le disons, maman va nous battre.
- Mais elle n'en saura rien, dit le lynx. Ce n'est pas nous qui irons vous dénoncer.
- Bon, ben alors, eh bien : ce sac, c'est là qu'elle met la chaleur.
- Merci, gentils petits ours, dit la souris. Vous nous avez dit tout ce que nous voulions savoir."
La délégation des animaux sortit et tint conseil. Ils décidèrent de se cacher pour que l'ourse ne les voie pas à son retour. Mais, d'emblée, la souris sauta dans le canoë de l'ourse, et grignota presque tout le manche de la pagaie. Après une longue attente, ils aperçurent la mère ourse de l'autre côté du lac. Le lynx alors, en un clin d'oeil, fit le tour du lac et apparut soudain devant l'ourse, métamorphosé en un jeune caribou dodu.
"Vite ! Vite, les enfants, cria la mère ourse. Aidez-moi à attraper ce caribou pour notre souper." Les oursons accoururent, patauds et empressés d'être utiles à leur mère. Le lynx les attirait loin dans les profondeurs de la forêt. Pendant ce temps, les autres animaux se glissèrent dans la hutte, décrochèrent le sac de sa poutre et l'emportèrent, le traînant à grand-peine. Le caribou-lynx rejoignit le lac, plongea et se dirigea à la nage vers l'autre rive et la hutte. La mère ourse sauta dans son canoë et pagayait avec ardeur pour le rattraper quand, au beau milieu du lac, sa pagaie se cassa en deux, juste à l'endroit que la petite souris avait grignoté. L'ourse culbuta dans l'eau, faisant chavirer le canoë.
Pendant ce temps, le lynx atteignit la rive et reprenait sa forme habituelle.
"Faites vite, cria-t-il aux autres, cette ourse va être à nos trousses, c'est sûr !"
Les animaux se relayèrent pour traîner le sac, lourd de chaleur, vers l'ouverture qui menait au monde-du-dessous, à leur monde. Quand l'un était épuisé, il passait le fardeau à un autre. Cependant, la vieille ourse les serrait maintenant de près, et les animaux les plus robustes n'en pouvaient plus. Mais le brochet et la roussette, eux, avaient encore leurs forces, et à la dernière seconde, alors que les crocs de l'ourse claquaient juste derrière eux, ils réussirent à faire passer le sac par le trou dans le ciel, et toute la petite bande se faufila juste à temps. Ils étaient saufs. A peine revenus dans leur monde-du-dessous, ils déchirèrent le sac. Aussitôt la chaleur s'en dégagea et se répandit dans toutes les directions, faisant fondre neige et glace, dispersant les nuages noirs et faisant briller à nouveau le soleil. Cependant, tout ce dégel causa une immense inondation, qui couvrit toute la terre et menaçait de noyer toutes les créatures vivantes. Or il y avait en ce temps-là sur la terre un arbre gigantesque, si haut qu'il atteignait presque le monde-du-dessus. Pour échapper à la noyade, les animaux grimpèrent jusqu'à ses plus hautes branches, criant :
"A l'aide, quelqu'un ! A l'aide !"
C'est alors qu'apparut un poisson géant, venu on ne sait d'où, qui but toute l'eau de l'inondation et se changea ce faisant en une haute montagne.
Après cela, le soleil assécha la terre, les arbres se couvrirent de feuilles, les fleurs s'épanouirent, et ce fut de nouveau l'été, à la grande joie de tous les êtres vivants.

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