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Bienvenue sur ce blog, recueil de mythes, contes et légendes de tout temps et de tout lieu.
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Oyé oyé...

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mardi 28 octobre 2008

Cendrillon

Sentant sa fin venir, la femme d'un homme très riche appela sa fille unique auprès de son lit et lui tint ce langage :
- Chère enfant, reste pieuse et bonne. Dieu te sera toujours secourable, et moi, du haut du ciel, je veillerai sur toi.
Sur quoi, elle ferma les yeux et mourut. La petite fille, chaque jour, se rendit sur sa tombe et resta pieuse et bonne. Lorsque vint l'hiver, la neige recouvrit la tombe d'un blanc manteau que le soleil fit fondre au printemps. Alors, le père se choisit une nouvelle femme.
Cette femme avait amené avec elle deux filles, belles et à la peau bien blanche, mais dont le coeur était laid et noir. Une triste période commença pour la pauvre petite.
- Cette oie stupide doit-elle habiter dans la même chambre que nous ? demandaient les deux filles.
- Qui veut manger doit travailler. À la cuisine avec la servante !Elles lui arrachèrent ses beaux habits, lui jetèrent un vieux sarrau gris et lui donnèrent des sabots de bois.
- Regardez, comme elle est propre, la fière princesse ! s'écrièrent-elles en riant.
Et elles la conduisirent dans la cuisine. Du matin au soir, elle dut s'y livrer aux pires besognes, se lever avant le jour, porter des seaux d'eau, allumer le feu, faire la cuisine, balayer. Par-dessus le marché, les deux soeurs lui faisaient les pires misères, crachaient sur elle, répandaient les petits pois et les lentilles dans les cendres pour qu'elle soit obligée de les trier à nouveau. Le soir, quand elle était morte de fatigue, elle n'avait même pas un lit pour se reposer : elle devait se coucher dans la cendre, près du foyer. Et comme elle paraissait désormais toujours poussiéreuse et sale, on l'appela Cendrillon.
Un jour que le père avait décidé de se rendre à la foire, il demanda à ses deux belles-filles ce qu'il devrait leur en rapporter.
- De beaux vêtements, dit l'une.
- Des perles et des diamants, dit l'autre.
- Et toi, Cendrillon, dit le père, que veux-tu ?
- Cueillez pour moi, répondit-elle, la première petite branche qui heurtera votre chapeau.
Le père acheta donc pour ses belles-filles de beaux habits, des perles et des diamants. Sur le chemin du retour, comme il chevauchait à travers un fourré, un brin de noisetier l'effleura et fit tomber son chapeau. Il coupa le rameau et l'emporta avec lui. Lorsqu'il arriva à la maison, il donna aux deux soeurs ce qu'elles avaient demandé. À Cendrillon, il remit le rameau de noisetier. Cendrillon le remercia, se rendit sur la tombe de sa mère et y planta la petite branche. Elle pleurait si fort que le rameau fut tout arrosé de larmes. Il poussa et devint un bel arbre. Cendrillon se rendait auprès de lui trois fois par jour pour pleurer et prier. Et, chaque fois, un petit oiseau blanc se posait sur l'arbre. Lorsqu'elle demandait quelque chose, du haut des branches, il lui lançait ce qu'elle désirait.
Il arriva que le roi organisa une fête qui devait durer trois jours et à laquelle les plus jolies filles du pays étaient invitées pour que son fils pût, parmi elles, trouver une épouse. Lorsque les deux soeurs apprirent qu'elles pourraient s'y rendre, toutes joyeuses, elles appelèrent Cendrillon et lui dirent :
- Coiffe-nous, brosse nos souliers, attache nos ceintures. Nous allons à la fête au château du roi.Cendrillon obéit, pleura parce qu'elle aurait bien voulu aller danser aussi et en demanda l'autorisation à sa marâtre.
- Toi, Cendrillon, toi pleine de poussière et de saleté tu voudrais aller à la fête ! Tu n'as ni vêtements ni souliers et tu voudrais danser !
Finalement, pour répondre à ses prières, elle lui dit :
- Tiens, j'ai versé une casserolée de lentilles dans les cendres ; si tu réussis à les trier en l'espace de deux heures, tu pourras y aller.
La jeune fille sortit par la porte de derrière et cria :
- Douces colombes, gentilles tourterelles, oh ! vous, tous les oiseaux du ciel, venez et aidez-moi à trier :
- Les bonnes dans mon petit pot les mauvaises dans votre jabot !
Voilà qu'arrivent à la fenêtre de la cuisine deux pigeons blancs, et puis des tourterelles ; finalement, tous les oiseaux du ciel, sifflant et volant, s'abattent dans les cendres. Et les pigeons commencèrent à picorer, pic, pic, et les autres aussi, pic, pic, pic, mettant toutes les bonnes graines dans le petit pot. Une heure à peine était écoulée, tout était fini et les oiseaux s'étaient de nouveau envolés. La jeune fille apporta la casserole à la marâtre, tout heureuse, s'imaginant qu'elle pourrait aller à la fête. Mais la méchante femme dit :
- Non, Cendrillon, tu n'as pas d'habits et tu ne sais pas danser. On se moquerait de toi.
Comme Cendrillon pleurait, elle lui dit :
- Si tu parviens à trier deux casserolées de lentilles en une heure, tu pourras venir.
Elle pensait : « Elle n'y arrivera jamais. » Après qu'elle eut jeté deux casserolées de lentilles dans les cendres, Cendrillon sortit de la cuisine par la porte de derrière et appela :- Douces colombes, gentilles tourterelles, Oh ! vous, tous les oiseaux du ciel, venez et aidez-moi à trier :
- Les bonnes dans mon petit pot les mauvaises dans votre jabot !
Deux pigeons blancs arrivent à la fenêtre, suivis des tourterelles ; finalement tous les oiseaux du ciel, sifflant et volant, s'abattent dans les cendres. Et les pigeons commencèrent à picorer, pic pic, pic, et les autres aussi ; pic, pic, pic, mettant toutes les bonnes graines dans le petit pot. Avant qu'une demi-heure ne fût écoulée, ils avaient déjà fini et reprenaient leur vol. La jeune fille porta la casserole à sa belle-mère, se réjouissant et croyant qu'elle pourrait aller à la fête. Mais la marâtre dit :
- Ce que tu as fait ne te servira de rien ; tu ne viendras pas parce que tu n'as pas de robe et que tu ne sais pas danser, tu nous ferais honte.
Elle lui tourna le dos et se hâta de se préparer avec ses deux filles orgueilleuses.
Quand tout le monde eut quitté la maison, Cendrillon s'en alla sur la tombe de sa mère, sous le noisetier, et dit :
- Cher petit arbre, secoue-toi, secoue-toi, jette de l'or et de l'argent sur moi. L'oiseau lui lança une robe d'or et d'argent et des pantoufles tressées de soie et d'argent. Elle revêtit la robe en toute hâte et se rendit au château. Ses soeurs et sa belle-mère ne la reconnurent pas et s'imaginèrent qu'il s'agissait d'une princesse étrangère, tant elle était belle dans sa robe d'or. Elles ne pensaient pas du tout à Cendrillon et la croyaient assise dans la saleté, cherchant des lentilles dans la cendre. Le fils du roi vint à sa rencontre, la prit par la main et dansa avec elle. Il ne voulut danser avec personne d'autre, de sorte qu'il ne lâchait pas sa main. Quand quelqu'un voulait l'inviter, il disait :
- C'est ma cavalière.
Elle dansa jusqu'au soir. Quand elle voulut se retirer, le prince dit :
- Je vais avec toi, je t'accompagne.

Il voulait savoir qui était la jolie jeune fille. Elle se sauva et alla se cacher dans le pigeonnier. Le prince attendit qu'arrivât le père et lui dit que la jeune étrangère s'était réfugiée dans le pigeonnier. Le vieux se dit : « Serait-ce Cendrillon ? » Il se fit apporter une hache et une pioche pour démolir le pigeonnier, mais il n'y trouva personne.
Lorsqu'ils arrivèrent à la maison, Cendrillon, vêtue de ses habits sales, était couchée dans la cuisine. Une misérable lampe à huile brûlait sur la cheminée ; car Cendrillon avait vivement quitté le pigeonnier par-derrière et avait couru vers le noisetier. Elle avait retiré ses beaux habits, les avait déposés sur la tombe et l'oiseau les avait repris ; puis, dans ses vieux vêtements, elle était allée se coucher dans la cendre.Le lendemain, comme la fête recommençait, et que les parents et les deux filles étaient de nouveau partis, Cendrillon s'en fut sous le noisetier et dit :
- Cher petit arbre, secoue-toi, secoue-toi, jette de l'or et de l'argent sur moi. Alors l'oiseau lui lança une robe encore bien plus belle que celle de la veille. Lorsqu'elle arriva à la fête, chacun fut saisi d'admiration devant sa beauté. Le prince, qui l'avait attendue, la prit par la main et ne dansa qu'avec elle. Quand d'autres venaient pour l'inviter, il disait :
- C'est ma cavalière.
Quand le soir fut venu, elle voulut s'en aller. Le prince la suivit pour voir dans quelle maison elle irait. Mais elle s'enfuit dans le jardin, derrière la maison. Il s'y trouvait un grand arbre, magnifique, auquel pendaient des poires splendides. Elle grimpa dans ses branches, agile comme un écureuil, et le fils du roi se demanda où elle était passée. Il attendit que vint le père et lui dit :
- La jeune étrangère m'a échappé et je crois qu'elle a grimpé dans le poirier.
Le père pensa : « Serait-ce Cendrillon ? », il se fit apporter une hache et abattit l'arbre mais il n'y avait personne dessus. Et lorsqu'ils arrivèrent tous à la maison, Cendrillon était couchée dans la cendre, comme d'habitude car elle avait sauté de l'autre côté de l'arbre, rendu ses beaux vêtements à l'oiseau du noisetier et revêtu son sarrau gris.

Le troisième jour, quand les parents et les deux filles furent partis, Cendrillon se dirigea de nouveau vers la tombe de sa mère et dit au noisetier :
- Cher petit arbre, secoue-toi, secoue-toi, jette de l'or et de l'argent sur moi. Alors l'oiseau lui lança une robe plus merveilleuse et plus brillante que les autres, et les souliers étaient d'or massif. Lorsque ainsi vêtue elle arriva à la fête, tout le monde resta muet d'admiration. Le fils du roi ne dansa qu'avec elle et quand quelqu'un voulait l'inviter, il disait :
- C'est ma cavalière.Quand le soir tomba, Cendrillon voulut s'en aller et le prince l'accompagner ; elle lui échappa avec tant de rapidité qu'il ne put la suivre. Mais il avait préparé un piège : il avait fait enduire l'escalier de poix. Lorsque la jeune fille s'y précipita, sa pantoufle gauche y resta collée. Le prince la ramassa : elle était petite, mignonne et tout en or.Le lendemain matin, il se rendit avec elle auprès de l'homme et lui dit :
- Personne d'autre ne sera ma femme qui ne puisse mettre cette pantoufle.
Les deux soeurs se réjouirent, car elles avaient de jolis pieds. L'aînée emporta la pantoufle dans sa chambre et voulut l'essayer ; et sa mère se tenait auprès d'elle. Mais, malgré tous ses efforts, elle ne put l'enfiler : la pantoufle était trop petite. La mère lui tendit un couteau et dit : « Coupe-toi les orteils ; lorsque tu seras reine, tu n'auras plus besoin de marcher. » La jeune fille coupa, enfonça son pied dans la pantoufle, avala sa douleur et se rendit auprès du prince. Il en fit sa fiancée, la plaça sur son cheval et partit au galop. Mais il leur fallait passer devant la tombe ; deux petits pigeons étaient perchés sur le noisetier. Il crièrent :
Crou, crou, crou, crou, dans la pantoufle il y a du sang partout ; la pantoufle est bien trop petite, la vraie fiancée est encore au gîte.
Le prince regarda les pieds de la jeune fille, vit que du sang coulait. Il fit faire demi-tour à son cheval, ramena la fausse fiancée chez elle, dit que ce n'était pas la bonne, que l'autre soeur devait essayer la pantoufle. Celle-ci alla dans sa chambre. Ses orteils entraient dans la pantoufle, mais le talon était trop gros. Sa mère lui tendit un couteau et dit :
- Coupe un morceau du talon. lorsque tu seras reine, tu ne seras plus obligée de marcher.La jeune fille coupa un morceau du talon, avala sa douleur et revint auprès du prince. Il en fit sa fiancée, la plaça sur son cheval et partit au galop. Comme ils passaient devant le noisetier, deux pigeons qui y étaient posés crièrent :
Crou, crou, crou, crou, dans la pantoufle il y a du sang partout ; la pantoufle est bien trop petite, la vraie fiancée est encore au gîte.
Le prince regarda les pieds de la jeune fille, vit que du sang coulait de la pantoufle et que le bas blanc était devenu tout rouge. Il fit faire demi-tour à son cheval et ramena la fausse fiancée chez elle.
- Ce n'est pas la bonne non plus, dit-il ; n'avez-vous pas d'autre fille ?
- Non, dit l'homme, il n'y a qu'une vilaine petite Cendrillon, fille de ma première femme.Le prince demanda qu'on la lit venir. Mais la mère répondit :
- Ah non, elle est bien trop sale ! On ne peut pas la montrer.

Malgré tout, le prince voulut la voir et il fallut faire venir Cendrillon. Elle se lava les mains et le visage, s'approcha et fit révérence devant le fils du roi qui lui tendit la pantoufle d'or. Elle s'assit sur un tabouret, retira son pied du noir sabot et enfila la pantoufle : c'était comme si elle avait été faite sur mesure ! Lorsqu'elle se releva et que le prince la regarda dans les yeux, il reconnut la jolie fille qui avait dansé avec lui et il s'écria :
- Voilà ma vraie fiancée !
La marâtre et ses deux filles avaient peur ; elles devinrent blêmes de colère ; mais le prince prit Cendrillon sur son cheval et partit au galop. Les noces furent bientôt célébrées.

samedi 25 octobre 2008

Les Muses

Ce sont les filles de Zeus et de Mnémosyne, la déesse de la mémoire et du souvenir.
Pour les psychologues, la mémoire représente la conquête progressive et difficile par l'homme de son passé individuel (l'histoire, pour un groupe social, de son passé collectif). Or très vite la mémoire a été sacralisée en Grèce et une vaste mythologie de la réminiscence s'est élaborée dans les temps archaïques. Donc, dans le panthéon grec, figure entre autres allégories, une divinité qui représente une fonction psychologique : Mnémosyne, la mémoire (cf. aussi Éros, l'Amour, Aïdos, la Pudeur, Pistis, la Confiance, etc.) ; mais la sacralisation de la mémoire prouve le prix qui lui est accordé dans une civilisation de tradition d'abord purement orale avant la diffusion de l'écriture.
Mnémosyne avec ses filles, les Muses, dont elle conduit le choeur, préside à la fonction poétique. Pour les Grecs, en effet, sans intervention divine, nul ne peut être poète, la poésie constituant une des formes de la possession et du délire divins. Inspiré donc par la divinité, le poète (comme le devin) découvre, dans une sorte de révélation, les réalités qui échappent au regard du commun des mortels, réalités qui concernent le passé et l'avenir. En fait, le poète, par la mémoire, se transporte presque uniquement vers les événements anciens (le devin se projette plutôt vers l'avenir) auxquels il assiste pour ainsi dire de l'intérieur. Il y a là comme une sorte de "devoir de mémoire", un message sacré dans cette recherche des origines : les Muses et leur mère chantent le monde en commençant par le commencement : apparition du monde, genèse des dieux, naissance de l'humanité...). Le passé ainsi dévoilé est la source du présent et aide à découvrir la réalité primordiale qui permet de comprendre le monde et son devenir dans son ensemble.
Les Muses sont particulièrement honorées en Piérie, lieu de leur naissance, au Nord du mont Olympe qui est aussi leur demeure ; d'où leur surnom de Piérides. Elles étaient également honorées en Béotie, sur le mont Hélicon, dans les vallons duquel Apollon menait, disait-on, leur choeur.
Les Muses sont au nombre de neuf et charment le monde de leurs chants. Elles sont source de bonheur et de sagesse.
Clio ; son nom est à rattacher au nom grec kléos, le renom, la gloire. D'abord muse de l'épopée, elle est devenue celle de l'histoire, qui immortalise la gloire des grands hommes. Unie à Piéros (de Thessalie) elle aurait donné naissance à Hyakinthos.
Euterpe, dont le nom signifie "qui réjouit, qui charme" (eu + terpô) est la muse de la musique et du chant. Unie au fleuve Strymon (fleuve de Thrace) elle aurait donné naissance à Rhésos, roi de Thrace.
Thalie dont le nom vient d'une racine grecque signifiant "pousser abondamment, croître", idée associée également à celle de fête, joie, etc. C'est la muse de la comédie. Primitivement elle était la muse de la poésie pastorale. Aimée d'Apollon, elle aurait donné naissance aux Corybantes
Melpomène, "la chanteuse", d'abord muse du chant puis de la tragédie (ou de toute poésie grave et sérieuse). Unie au fleuve Achéloos elle aurait donné naissance aux Sirènes.
Terpsichore, dont le nom signifie "qui aime la danse (et les chants)" ; on retrouve dans son nom la même racine (verbe terpô, charmer) que dans le nom de sa soeur Euterpe.
Érato porte en son nom la racine du verbe grec signifiant "aimer" (erann) ; elle est la patronne de l'élégie amoureuse et se trouve donc en harmonie avec le mois voué à Vénus, le mois d'avril.
Polymnie (ou Polhymnie), dont le nom signifie l'abondante variété des rythmes".
Uranie, dont le nom est clairement issu de Ouranos (l'univers) est considérée comme la muse de l'astronomie.
La première née s'appelle Calliope dont le nom signifie "à la belle voix" ; c'est la muse de la poésie épique et de l'éloquence. La tradition en fait la mère du poète Orphée. On dit aussi que Calliope fut désignée par Zeus pour arbitre dans la dispute qui opposa Perséphone et Aphrodite pour la garde d'Adonis : Calliope aurait accordé, par un jugement à la Salomon, six mois de garde à Perséphone et six mois à Aphrodite. Celle-ci, furieuse de devoir partager Adonis, fit naître dans le coeur des femmes de Thrace une telle passion pour Orphée, fils de Calliope, que, dans leur avidité à le posséder, elles le mirent en pièces.
Pour terminer, les Muses apparaissent et ne sont citées que rarement ensemble sauf lorsqu'on les voit chanter un thrène aux funérailles d'Achille (Homère, Odyssée) ou dans le récit du Thrace Thamyris (Homère, Iliade).
Si l'on veut suivre la postérité des Muses dans la littérature, on s'apercevra que les Muses, dans leur ensemble ou sous le terme générique de "Muse" restèrent, pendant longtemps, le symbole de l'inspiration poétique.
On vit même apparaître une "dixième muse", désignant toute femme qui cultive avec succès la poésie (c'est ainsi que les Anciens désignaient la poétesse Sapho).
Puis le terme "muse" (sans majuscule) a désigné les belles lettres et particulièrement la poésie, comme dans l'expression "cultiver les muses" ; le terme peut désigner aussi le génie particulier d'un poète.

Le petit Pou et la petite Puce

Le petit pou et la petite puce vivaient ensemble, tenaient ensemble leur petite maison et brassaient leur bière dans une coquille d'œuf. Un jour le petit pou tomba dans la bière et s'ébouillanta. La petite puce se mit à pleurer à chaudes larmes. La petite porte de la salle s'étonna :
- Pourquoi pleures-tu ainsi, petite puce ?
- Parce que le pou s'est ébouillanté.
La petite porte se mit à grincer et le petit balai dans le coin demanda :
- Pourquoi grinces-tu ainsi, petite porte ?
- Comment pourrais-je ne pas grincer !
Le petit pou s'est ébouillanté, la petite puce en perd la santé.
Le petit balai se mit à s'agiter de tous côtés. Une petite charrette qui passait par là, cria :
- Pourquoi t'agites-tu ainsi, petit balai ?
- Comment pourrais-je rester en place !
Le petit pou s'est ébouillanté , la petite puce en perd la santé, et la petite porte grince à qui mieux mieux.
Et la petite charrette dit :
- Moi, je vais rouler.
Et elle se mit à rouler à toute vitesse. Elle passa par le dépotoir et les balayures lui demandèrent :
- Pourquoi fonces-tu ainsi, petite charrette ?
- Comment pourrais-je ne pas foncer !
Le petit pou s'est ébouillanté , la petite puce en perd la santé, la petite porte grince à qui mieux mieux, le balai s'agite, sauve-qui-peut !
Les balayures décidèrent alors :
- Nous allons brûler de toutes nos forces. Et elles s'enflammèrent aussitôt. Le petit arbre à côté du dépotoir demanda :
- Allons, balayures, pourquoi brûlez-vous ainsi ?
- Comment pourrions-nous ne pas brûler !
Le petit pou s'est ébouillanté , la petite puce en perd la santé, la petite porte grince à qui mieux mieux, le balai s'agite, sauve-qui-peut ! La charrette fonce fendant les airs.
Et le petit arbre dit :
- Alors moi, je vais trembler. Et il se mit à trembler à en perdre toutes ses feuilles. Une petite fille, qui passait par là avec une cruche d'eau à la main, s'étonna :
- Pourquoi trembles-tu ainsi, petit arbre ?
- Comment pourrais-je ne pas trembler !
Le petit pou s'est ébouillanté , la petite puce en perd la santé, la petite porte grince à qui mieux mieux, le balai s'agite, sauve-qui-peut ! La charrette fonce fendant les airs, les balayures brûlent en un feu d'enfer.
Et la petite fille dit :
- Alors moi, je vais casser ma cruche.
Et elle la cassa. La petite source d'où jaillissait l'eau, demanda :
- Pourquoi casses-tu ta cruche, petite fille ?
- Comment pourrais-je ne pas la casser !
Le petit pou s'est ébouillanté, la petite puce en perd la santé, la porte grince à qui mieux mieux, le balai s'agite, sauve-qui-peut ! La charrette fonce fendant les airs, les balayures brûlent en un feu d'enfer. Et le petit arbre, le pauvre, du pied à la tête il tremble.
- Ah bon, dit la petite source, alors moi, Je vais déborder.
Et elle se mit à déborder ; et l'eau inonda tout en noyant la petite fille, le petit arbre, les balayures, la charrette, le petit balai, la petite porte, la petite puce et le petit pou, tous autant qu'ils étaient.

mercredi 22 octobre 2008

Prométhée

"Le prévoyant", fils du titan Japet et d'une Océanide, frère d'Epiméthée et d'Atlas. Dans la seconde guerre des Titans, qui opposa Cronos à son fils Zeus, Prométhée prit le parti de Zeus.
Mais la discorde s'éleva bientôt entre les deux divinités. Prométhée ayant un jour réservé la meilleure part d'un sacrifice aux hommes, Zeus priva ces derniers de l'usage du feu.
Prométhée ne tarda pas à le leur rendre, et leur apprit aussi les sciences et les arts. Pour le punir, Zeus le fit enchaîner sur une montagne du Caucase, où un aigle lui dévorait éternellement le foie. (Eschyle, Prométhée enchaîné)
Selon d'autres, Prométhée aurait donné aux hommes le feu dès l'apparition des "races mortelles", pour réparer l'imprévoyance de son frère Epiméthée, qui avait distribué toutes les qualités aux animaux. (Platon, Protagoras)
Héraclès délivre un jour Prométhée de son supplice, pour le remercier de lui avoir indiqué son chemin. Zeus finit par pardonner au coupable, quand ce dernier, doué du don de prophétie, lui annonce qu'il sera détrôné s'il a un fils de Thétis.
Prométhée est honoré par les potiers athéniens.

Tom Pouce

Il était une fois un pauvre paysan. Un soir qu'il était assis près de l'âtre et tisonnait le feu pendant que sa femme filait, il dit :
- Qu'il est triste que nous n'ayons pas d'enfant. Chez nous, tout est silencieux ; chez les autres il y a du bruit et l'on est joyeux.
- Oui, répondit sa femme en murmurant, même s'il n'y en avait qu'un, même s'il était tout petit, grand comme un pouce, je serais bien contente. Nous l'aimerions quand même de tout notre coeur.

Il arriva alors que la femme tomba malade. Au bout de sept mois, un enfant naquit, fort bien conformé, mais pas plus grand que le pouce. Alors, les parents dirent :
- Il est comme nous l'avions souhaité ; il faut que nous l'aimions.
Ils le nommèrent Petit Poucet. Ils ne le laissèrent jamais manquer de nourriture. Mais l'enfant ne grandissait pas. Il restait comme aux premières heures de sa naissance. Ses yeux étaient intelligents et il apparut bientôt comme très éveillé et très agile ; tout lui réussissait.Un jour, le paysan s'apprêta pour aller à la forêt couper du bois et il se disait : « je voudrais bien que quelqu'un m'y amène la charrette. »
- Oh ! père ! cria le Petit Poucet, je vous amènerai la charrette, remettez-vous en à moi : elle sera dans la forêt à l'heure voulue.
Alors l'homme se mit -à rire et dit :
- Comment cela se pourrait-il ? Tu es bien trop petit pour tenir les rênes du cheval.
- Ça ne fait rien, père. Pourvu que maman l'attelle. je me placerai dans l'oreille du cheval et je lui dirai où il doit aller.
- Bon ! dit le père. Essayons !

Lorsque le moment fut venu, la mère attela et plaça le Petit Poucet dans l'oreille du cheval et il lui indiqua le chemin à suivre. « Hue ! Oh ! Dia ! » On eût dit un vrai charretier et la voiture prit le bon chemin, vers la forêt. Juste au moment où elle arrivait à un tournant et comme le petit criait « Dia ! », deux étrangers s'approchèrent.
- Ça alors ! dit l'un, qu'est-ce que cela ? Voilà une voiture, on entend le charretier, mais on ne le voit pas.
- Ce n'est pas normal, dit le second. Nous allons suivre la charrette et voir où elle s'arrêtera.
La voiture, cependant, allait son chemin, tout droit vers le lieu où l'on abattait le bois. Lorsque le Petit Poucet aperçut son père, il lui cria :
- Tu vois, père, me voilà avec la charrette. Fais-moi descendre.
Le père retint le cheval de la main gauche et, de la droite, il sortit son petit garçon de l'oreille. Celui-ci alla s'asseoir sur un brin de paille, tout joyeux. Lorsque les deux étrangers virent le Petit Poucet, ils restèrent muets d'étonnement. L'un d'eux prit l'autre à l'écart et lui dit :
- Écoute voir : ce petit pourrait faire notre bonheur si nous le montrions pour de l'argent dans une grande ville. Il n'y a qu'à l'acheter.
Ils s'approchèrent du père et lui dirent :
- Vendez-nous le petit homme. Avec nous, il sera bien.
- Non, répondit le père. Je l'aime et pour tout l'or du monde il ne serait pas à vendre.
Mais le Petit Poucet qui avait entendu, grimpa sur son épaule et lui murmura à l'oreille :
- Père, vends-moi donc. je m'arrangerai bien pour revenir.
Alors le père le vendit aux deux hommes pour une belle pièce d'argent.
- Où veux-tu t'asseoir ? lui demandèrent-ils.
- Bah ! mettez-moi sur le bord de votre chapeau. je pourrai m'y promener tout en regardant le paysage et je ne tomberai pas.

Ils firent selon sa volonté et lorsque le Petit Poucet eut pris congé de son père, Ils partirent en l'emmenant. Ils marchèrent jusqu'au crépuscule. Alors le Petit Poucet dit :
- Faites-moi descendre ; j'ai un besoin.
- Reste là-haut, dit l'homme sur le chapeau duquel il se trouvait. Ça ne me fera rien ; il arrive bien que les oiseaux aussi me laissent tomber quelque chose dessus.
- Non, dit le Petit Poucet, je sais de quoi il s'agit, faites-moi vite descendre. L'homme enleva son chapeau et posa le Petit Poucet dans un champ au bord de la route. Alors celui-ci sauta et gambada un moment au milieu des mottes de terre puis il s'enfila tout à coup dans un trou de souris qu'il avait découvert.
- Bien le bonsoir, Messieurs, rentrez chez vous sans moi ! leur cria-t-il en riant.
Ils s'approchèrent du trou : y plongèrent un bâton, mais en vain ! Le Petit Poucet allait toujours plus loin et, comme il allait bientôt faire complètement nuit, plein de dépit, les deux hommes durent rentrer chez eux les mains vides.

Lorsque le Petit Poucet s'aperçut qu'ils étaient partis, il sortit de son trou. C'est bien dangereux de marcher la nuit dans un champ, se dit-il, on se rompt facilement le cou et les jambes ! Par chance, il se heurta à une coquille d'escargot vide. « Grâce à Dieu ! dit-il, voilà un abri sûr pour passer la nuit. » Et il s'y installa. Comme il allait s'endormir, il entendit deux hommes qui passaient. L'un disait :
- Comment allons-nous nous y prendre pour voler au riche curé son or et son argent ?
- Moi Je pourrais te le dire, s'écria le Petit Poucet.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda l'un des voleurs effrayé. J'ai entendu parler quelqu'un.
Ils restèrent immobiles et écoutèrent. Alors le Petit Poucet dit à nouveau :
- Emmenez-moi et je vous aiderai.
- Où es-tu donc ?
- Cherchez par terre et repérez d'où vient la voix, répondit-il.
Finalement, les voleurs le découvrirent et ils le soulevèrent.
- Petit avorton, comment veux-tu nous aider ? lui dirent- ils.
- Eh bien ! répondit-il, je me glisserai dans la chambre du curé, à travers les barreaux de fer et je vous passerai tout ce que vous voudrez.
- D'accord, dirent-ils. On va voir ce dont tu es capable.

Lorsqu'ils arrivèrent au presbytère, le Petit Poucet s'introduisit dans la chambre et cria aussitôt de toutes ses forces :
- Voulez-vous avoir tout ce qui se trouve ici .
Les voleurs eurent peur et dirent :
- Parle donc plus bas, tu vas éveiller quelqu'un.
Mais le petit Poucet fit comme s'il n'avait pas compris et cria à nouveau :
- Que voulez-vous ? Voulez-vous avoir tout ce qui se trouve ici ?

La cuisinière, qui couchait à côté, entendit, se dressa sur son lit pour écouter. Par peur, les voleurs s'étaient un peu éloignés. Finalement, ils reprirent courage et songèrent : Le petit bonhomme veut se moquer de nous. Ils revinrent et lui murmurèrent :
- Sois sérieux et passe-nous quelque chose.
Alors le Petit Poucet cria de nouveau aussi fort qu'il put.
- Je vais tout vous donner. Tendez la main à l'intérieur.
La bonne, qui était aux écoutes, l'entendit très clairement. Elle bondit hors du lit et poussa la porte. Les voleurs s'enfuirent et coururent comme s'ils avaient le diable aux trousses. La bonne, qui ne voyait rien, alla chercher de la lumière. Lorsqu'elle revint, le Petit Poucet, sans qu'elle l'eût aperçu, se faufila dans la grange. La bonne chercha dans tous les coins et, ne trouvant rien, elle regagna son lit, pensant qu'elle avait rêvé les yeux ouverts.

Pendant ce temps, le Petit Poucet était monté dans une auge à foin et avait trouvé une bonne place pour dormir. Il voulait s'y reposer jusqu'au jour et revenir ensuite chez ses parents. Mais il allait connaître d'autres aventures ! Oui, il y a beaucoup d'affliction et de misère de par le monde ! À la pointe du jour, la bonne se leva pour venir nourrir les bêtes. Elle alla d'abord dans la grange où elle prit une brassée de foin. juste là où se trouvait le Petit Poucet ! Il dormait si fort qu'il ne s'aperçut de rien et ne s'éveilla qu'au moment où il se trouva dans la gueule d'une vache qui l'avalait avec son foin.
- Mon Dieu, s'écria-t-il, comment suis-je arrivé entre les meules d'un moulin !
Mais il comprit bientôt où il se trouvait. Il s'agissait de faire attention à ne pas être écrasé entre les dents. Ensuite, il lui fallut glisser jusque dans l'estomac.
- On a oublié les fenêtres dans cette chambre ! dit-il, et le soleil n'y pénètre pas. Il n'y apporte pas de lumière !
De toute façon, l'appartement ne lui plaisait pas. Et voici le plus grave : il entrait de plus en plus de foin par l'orifice et la place commençait à manquer. Finalement, saisi de peur, il cria aussi fort qu'il put :
- Ne me donne plus de foin, ne me donne plus de foin !
La bonne était justement en train de traire la vache. Quand elle entendit parler sans voir personne, quand elle reconnut la voix qu'elle avait ouïe pendant la nuit, elle eut si peur qu'elle glissa de son tabouret et répandit tout le lait. En toute hâte elle se rendit chez son patron en criant :
- Seigneur ! monsieur le curé, la vache a parlé !
- Tu es folle, répondit le curé. Mais il alla quand même à l'étable pour voir ce qui se passait. À peine y avait-il posé le pied que le Petit Poucet cria à nouveau :
- Ne me donne plus de foin, ne me donne plus de foin !

Alors le curé lui-même eut peur, crut qu'un mauvais esprit s'était introduit dans la vache et la fit tuer. On la dépeça, mais l'estomac, dans lequel se trouvait le Petit Poucet, fut jeté au fumier. Il eut grand mal à s'en tirer et, au moment où il en sortait la tête, il lui arriva un nouveau malheur. Un loup affamé qui passait par là avala l'estomac tout entier d'un seul coup. Le Petit Poucet ne perdit pas courage pour cela. Peut-être, pensa-t-il, le loup voudra- t-il discuter avec moi ! De l'intérieur, il lui cria :
- Cher Loup, je sais où trouver des mets délicieux.
- Où ça ? demande le Loup.
- Il faut que tu entres dans une maison par le trou de l'évier et tu y trouveras des gâteaux, du lard et des saucisses autant que tu pourras en manger.

Il lui décrivit avec précision la maison de son père. Le loup ne se le fit pas dire deux fois, et se dépêcha pendant la nuit d'entrer par le trou de l'évier. Il mangea tout son soûl. Lorsqu'il fut rassasié, il voulut repartir. Mais il était devenu si gros qu'il ne pouvait plus ressortir par le chemin qu'il avait emprunté pour entrer. C'est bien ce qu'avait escompté le Petit Poucet. Il se mit à faire dans le ventre du loup un bruit terrible, tempêtant et criant autant qu'il le pouvait.
- Veux-tu te taire, dit le loup. Tu vas réveiller les gens.
- Eh bien ! quoi, répondit le Petit Poucet, toi tu t'es régalé, moi aussi je veux être joyeux.
Et de hurler de nouveau tant qu'il pouvait.

Finalement, son père et sa mère se réveillèrent. Ils s'approchèrent de la cuisine et regardèrent par un trou. Quand ils virent qu'un loup s'y était installé, ils s'enfuirent. L' homme chercha sa hache. La femme sa faux.
- Reste derrière, dit l'homme. S'il n'est pas encore mort quand je l'aurai frappé, taillade-le et ouvre-lui le ventre.
Le Petit Poucet entendit la voix de son père et cria :
- Cher père, je suis ici, dans le ventre du loup.
Et le père, tout heureux :
- Grâce au ciel ! Notre enfant nous a retrouvés !Il demanda à sa femme de ne pas se servir de la faux pour ne pas blesser le Petit Poucet. Il asséna sur la tête du loup un tel coup de hache que celui-ci tomba raide mort. Ils cherchèrent alors un couteau et des ciseaux, lui ouvrirent le ventre et en retirèrent leur petit.
- Ah ! dit le père, comme nous nous sommes fait du souci pour toi.
- Cher père, j'ai roulé ma bosse de par le monde, grâce soit rendue que je puisse de nouveau respirer l'air pur.
- Où donc-as-tu été ?
- Ah, père, je me suis trouvé dans un trou de souris, dans la panse d'une vache, dans le ventre d'un loup, maintenant, je reste auprès de vous.
- Et nous ne te revendrons plus pour toutes les richesses du monde, dirent les parents en embrassant leur cher Petit Poucet.

Ils lui donnèrent à manger et à boire et lui firent faire de nouveaux habits car les anciens avaient été bien abimés au cours du voyage !

dimanche 19 octobre 2008

Zeus

Fils des Titans Cronos et Rhéa Souverain des dieux et des hommes, trône au sommet de l'Olympe d'où il gouverne le ciel, son domaine (Homère, Iliade).
Il est à l'origine de tous les phénomènes atmosphériques (nuages, pluie, foudre), intervient dans de nombreuses légendes en tant qu'arbitre et juge suprême dans la société des hommes et celle des dieux., dispense les biens et les maux, mais reste soumis au Destin.
attributs : le foudre, cadeau des Cyclopes, emblème : l'aigle.
Arraché par une ruse maternelle à la voracité de son père, il est nourri en Crète par la chèvre Amalthée et protégé par les danses guerrières des Curètes. Il délivre ses frères et soeurs puis triomphe avec leur aide de Cronos et des Titans qu'il enferme dans le Tartare. Il soutient ensuite une dure lutte contre les Cent Bras, les Géants et Typhon, son adversaire le plus redoutable, finalement écrasé sous l'Etna.
Ses relations sont très conflictuelles avec Héra, son épouse officielle qui supporte mal ses infidélités continuelles , complote même contre lui et se retrouve dans une triste posture. Il se métamorphose souvent ( en divers animaux ou même en pluie d'or) pour s'unir à de nombreuses déesses ou mortelles (Ovide, Métamorphoses), ce qui lui assure une très abondante progéniture.

Création humaine

Le magicien avait fait le monde, mais il avait l'impression qu'il y manquait quelque chose.
"Mais quoi donc ? se demandait-il. Que peut-il bien manquer ?"
Puis il se dit que ce qu'il fallait sur cette terre, c'était des êtres comme lui, pas seulement des animaux.
"Comment les faire ?" se demanda-t-il.
Il commença par se construire un horno, un four. Ensuite, il prit de l'argile et la modela en une forme qui lui ressemblait. Or, en cet instant, Coyote rôdait par là, comme à son habitude, et lorsque le Magicien, le Créateur de l'Homme, s'en alla chercher du bois pour faire son feu, il en profita pour changer la forme de la petite figurine en argile. Le Créateur fit un feu à l'intérieur du horno et y plaça la figurine, mais sans la regarder.
Au bout d'un moment, le Magicien dit :
"Ca doit être prêt maintenant."
Il prit la figurine et lui souffla dessus pour lui donner vie.
"Pourquoi ne te mets-tu pas debout ? lui demanda le Créateur. Que se passe-t-il ?"
La créature aboya et remua la queue.
"Ah, je vois ! C'est Coyote qui m'a joué un tour, dit-il. Il a transformé mon être humain en un animal comme lui."
Coyote répliqua :
"Et alors ? Et si j'ai envie d'avoir une jolie créature qui me ressemble ?
- Bon, d'accord ; mais ne recommence pas."
Et c'est ainsi que nous avons le chien ; c'est un toe Coyote. Le créateur de l'Homme refit donc une tentative.
"Il vaudrait mieux ne pas en faire qu'un ; à deux, ils pourraient se tenir compagnie", pensa-t-il. Il modela des êtres humains qui étaient à peu près comme lui et qui se ressemblaient en tous points.
"Voyons donc, qu'est-ce qui ne va pas ?" se demanda le Créateur.
Tout à coup il comprit.
"Mais, bien sûr, ça ne peut pas marcher. Comment vont-ils se reproduire ?"
Et donc, il tira un peu d'argile entre les jambes des figurines, tout en disant :
"Ah, c'est beaucoup mieux comme ça."
Et avec son ongle il fit une petite fente dans l'autre figurine. Il mit des sentiments agréables dans les deux.
"Maintenant, c'est au point. Ils vont pouvoir faire tout ce qu'il faut."
Et il les mit au four pour les faire cuire.
Bientôt Coyote lui dit :
"Ils doivent être cuits maintenant."
Et le Créateur les sortit du four et leur donna vie.
"Mais qu'est-ce qui ne va pas ? Ils ne sont pas assez cuits ; ils ne sont pas assez colorés. Ils n'ont rien à faire par ici : ils doivent être de quelque part de l'autre côté de l'océan."
Il se tourna vers Coyote, le sourcil froncé.
"Pourquoi m'as-tu dit qu'ils étaient cuits ? Je ne peux rien en faire ici !"
Le Magicien fit donc un autre essai, avec des figurines semblables aux premières, et il les mit dans le four.
Au bout d'un certain temps, il dit :
"A mon idée, elles doivent être prêtes.
- Non, pas encore, lui dit Coyote. Il ne faut pas qu'elles soient trop claires ; attends encore un peu.
- Bon, d'accord", répondit le Créateur. Ils attendirent donc un moment, et puis il les sortit du four.
"Aïe, aïe, aïe ! Que s'est-il passé ? Voila qu'elles sont trop cuites. Elles sont devenues trop foncées."
Et il les mit de côté.
"Je pourrai peut-être m'en servir dans un autre endroit, de l'autre côté de l'océan. Elles ne sont pas d'ici."
Une quatrième fois, le Magicien plaça ses figurines dans le four.
"Et toi, ne te mêle plus de ça, dit-il à Coyote. Tu ne me donnes que des mauvais conseils. Laisse-moi tranquille."
Cette fois-ci, le Magicien, au lieu d'écouter Coyote, sortit les figurines du four quand il pensa que la cuisson était finie. Il leur donna vie, et les deux créatures se mirent à marcher, à parler, à rire et à se comporter de façon agréable. Elles n'étaient ni trop cuites, ni pas assez.
"Elles sont juste comme il faut, dit le Créateur. Elles sont à leur place ici, et je vais m'en servir. Elles sont très belles."
Et c'est comme ça qu'ont été créés les Indiens Pueblos.

La belle aux bois dormant

Il était une fois un roi et une reine. Chaque jour ils se disaient :
- Ah ! si seulement nous avions un enfant.
Mais d'enfant, point. Un jour que la reine était au bain, une grenouille bondit hors de l'eau et lui dit:
- Ton voeu sera exaucé. Avant qu'une année ne soit passée, tu mettras une fillette au monde.

Ce que la grenouille avait prédit arriva. La reine donna le jour à une fille. Elle était si belle que le roi ne se tenait plus de joie. Il organisa une grande fête. Il ne se contenta pas d'y inviter ses parents, ses amis et connaissances, mais aussi des fées afin qu'elles fussent favorables à l'enfant. Il y en avait treize dans son royaume. Mais, comme il ne possédait que douze assiettes d'or pour leur servir un repas, l'une d'elles ne fut pas invitée.

La fête fut magnifique. Alors qu'elle touchait à sa fin, les fées offrirent à l'enfant de fabuleux cadeaux : l'une la vertu, l'autre la beauté, la troisième la richesse et ainsi de suite, tout ce qui est désirable au monde. Comme onze des fées venaient d'agir ainsi, la treizième survint tout à coup. Elle voulait se venger de n'avoir pas été invitée. Sans saluer quiconque, elle s'écria d'une forte voix :
- La fille du roi, dans sa quinzième année, se piquera à un fuseau et tombera raide morte.
Puis elle quitta la salle. Tout le monde fut fort effrayé. La douzième des fées, celle qui n'avait pas encore formé son voeu, s'avança alors. Et comme elle ne pouvait pas annuler le mauvais sort, mais seulement le rendre moins dangereux, elle dit :
- Ce ne sera pas une mort véritable, seulement un sommeil de cent années dans lequel sera plongée la fille du roi.

Le roi, qui aurait bien voulu préserver son enfant adorée du malheur, ordonna que tous les fuseaux fussent brûlés dans le royaume. Cependant, tous les dons que lui avaient donnés les fées s'épanouissaient chez la jeune fille. Elle était si belle, si vertueuse, si gentille et si raisonnable que tous ceux qui la voyaient l'aimaient. Il advint que le jour de sa quinzième année, le roi et la reine quittèrent leur demeure. La jeune fille resta seule au château. Elle s'y promena partout, visitant les salles et les chambres à sa fantaisie. Finalement, elle entra dans une vieille tour. Elle escalada l'étroit escalier en colimaçon et parvint à une petite porte. Dans la serrure, il y avait une clé rouillée. Elle la tourna. La porte s'ouvrit brusquement. Une vieille femme filant son lin avec application, était assise dans une petite chambre.
- Bonjour, grand-mère, dit la jeune fille. Que fais-tu là ?
- Je file, dit la vieille en branlant la tête.
- Qu'est-ce donc que cette chose que tu fais bondir si joyeusement, demanda la jeune fille.
Elle s'empara du fuseau et voulut filer à son tour. À peine l'eut-elle touché que le mauvais sort s'accomplit : elle se piqua au doigt. À l'instant même, elle s'affaissa sur un lit qui se trouvait là et tomba dans un profond sommeil.

Et ce sommeil se répandit sur l'ensemble du château. Le roi et la reine, qui venaient tout juste de revenir et pénétraient dans la grande salle du palais, s'endormirent. Et avec eux, toute la Cour. Les chevaux s'endormirent dans leurs écuries, les chiens dans la cour, les pigeons sur le toit, les mouches contre les murs. Même le feu qui brûlait dans l'âtre s'endormit et le rôti s'arrêta de rôtir. Le cuisinier, qui était en train de tirer les cheveux du marmiton parce qu'il avait raté un plat, le lâcha et s'endormit. Et le vent cessa de souffler. Nulle feuille ne bougea plus sur les arbres devant le château. Tout autour du palais, une hale d'épines se mit à pousser, qui chaque jour devint plus haute et plus touffue. Bientôt, elle cerna complètement le château, jusqu'à ce qu'on n'en vît plus rien, même pas le drapeau sur le toit.

Dans le pays, la légende de la Belle au Bois Dormant, c'est ainsi que fut nommée la fille du roi, se répandait. De temps en temps, des fils de roi s'approchaient du château et tentaient d'y pénétrer à travers l'épaisse muraille d'épines. Mais ils n'y parvenaient pas. Les épines se tenaient entre elles, comme par des mains. Les jeunes princes y restaient accrochés, sans pouvoir se détacher et mouraient là, d'une mort cruelle.

Au bout de longues, longues années, le fils d'un roi passa par le pays. Un vieillard lui raconta l'histoire de la haie d'épines. Derrière elle, il devait y avoir un château dans lequel dormait, depuis cent ans, la merveilleuse fille d'un roi, appelée la Belle au Bois Dormant. Avec elle, dormaient le roi, la reine et toute la Cour. Le vieil homme avait aussi appris de son grand-père que de nombreux princes étaient déjà venus qui avaient tenté de forcer la hale d'épines ; mais ils y étaient restés accrochés et y étaient morts d'une triste mort.
Le jeune homme dit alors :
- Je n'ai peur de rien, je vais y aller. Je veux voir la Belle au Bois Dormant.
Le bon vieillard voulut l'en empêcher, mais il eut beau faire, le prince ne l'écouta pas. Or, les cent années étaient justement écoulées et le jour était venu où la Belle au Bois Dormant devait se réveiller.

Lorsque le fils du roi s'approcha de la haie d'épines, il vit de magnifiques fleurs qui s'écartaient d'elles-mêmes sur son passage et lui laissaient le chemin. Derrière lui, elles reformaient une haie. Dans le château, il vit les chevaux et les chiens de chasse tachetés qui dormaient. Sur le toit, les pigeons se tenaient la tête sous l'aile. Et lorsqu'il pénétra dans le palais, il vit les mouches qui dormaient contre les murs. Le cuisinier, dans la cuisine, avait encore la main levée comme s'il voulait attraper le marmiton et la bonne était assise devant une poule noire qu'elle allait plumer. En haut, sur les marches du trône, le roi et la reine étaient endormis. Le prince poursuivit son chemin et le silence était si profond qu'il entendait son propre souffle.

Enfin, il arriva à la tour et poussa la porte de la petite chambre où dormait la Belle. Elle était là, si jolie qu'il ne put en détourner le regard. Il se pencha sur elle et lui donna un baiser. Alors, la Belle au Bois Dormant s'éveilla, ouvrit les yeux et le regarda en souriant. Ils sortirent tous deux et le roi s'éveilla à son tour, et la reine, et toute la Cour. Et tout le monde se regardait avec de grand yeux. Dans les écuries, les chevaux se dressaient sur leurs pattes et s'ébrouaient les chiens de chasse bondirent en remuant la queue. Sur le toit, les pigeons sortirent la tête de sous leurs ailes, regardèrent autour d'eux et s'envolèrent vers la campagne. Les mouches, sur les murs, reprirent leur mouvement ; dans la cuisine, le feu s'alluma, flamba et cuisit le repas. Le rôti se remit à rissoler ; le cuisinier donna une gifle au marmiton, si fort que celui-ci en cria, et la bonne acheva de plumer la poule.
Le mariage du prince et de la Belle au Bois Dormant fut célébré avec un faste exceptionnel. Et ils vécurent heureux jusqu'à leur mort.

Achille

Originaire de Phthie en Thessalie, fils du héros Pélée et de la Néréïde Thétis, il règne sur les Myrmidons. Caractère ardent et sensible, il déteste le mensonge. Il préfère mourir jeune et glorieux plutôt que vieux et obscur (Racine, Iphigénie)
A sa naissance, sa mère le plonge dans le Styx, fleuve des Enfers, pour le rendre invulnérable. Seul son talon n'y fut pas plongé. Il est élevé par le Centaure Chiron et participe à la guerre de Troie. Un conflit l'oppose à Agamemnon et Achille se retire sous sa tente. Mais la situation devenant critique pour les Grecs, son ami Patrocle, revêtu des armes d'Achille, part au combat, se fait tuer par Hector. Douleur d'Achille. ( Homère, Iliade)
Revêtu d'une nouvelle armure forgée par Héphaïstos, il poursuit en vain Hector. Zeus, alors, pèse le destin des deux hommes : c'est Achille qui tuera Hector. Il outrage son cadavre en le traînant derrière son char autour du tombeau de Patrocle. Mais pris de compassion devant la douleur de Priam, il lui rend la dépouille de son fils. (Homère, Iliade)
Quelque temps plus tard, Achille sera tué à son tour par Pâris qui l'atteint d'une flèche au talon. (Ovide, Les Métamorphoses) Enterré avec Patrocle au Cap Sygée. Son tombeau devient un lieu de pèlerinage (Plutarque, Vie d'Alexandre).

samedi 18 octobre 2008

Les fées de la côte d'émeraude

Appelé ainsi en raison de la ravissante couleur de la mer qui baigne et lui donne l'éclat de pierres précieuses étincelant au soleil, la côte d'émeraude est la portion incroyable découpée du littoral septentrional de la Bretagne qui sinue du cap d'Erquy à la pointe du Grouin. Ses hautes falaises étaient le domaine des fées qui logeaient dans les grottes trouant leurs parois, telle la grotte de la Goule aux fées, prés de Saint-Enogat, la Houle aux fées et le Pertus des fées. Ces bonnes dames avaient la taille des humains et étaient de jolies femmes aux cheveux blonds. Elles aimaient chanter et danser mais malheur au mortel qui mêlait sa voix aux leurs ou s'introduisait dans leur ronde!

Les trois fileuses

Il était une fois une fille paresseuse qui ne voulait pas filer le lin. Un jour, sa mère se mit si fort en colère qu'elle la battit et la fille pleura avec de gros sanglots. Justement la reine passait par là. Elle fit arrêter son carrosse, entra dans la maison et demanda à la mère pourquoi elle battait ainsi sa fille. La femme eut honte pour sa fille et dit :
- Je ne peux pas lui ôter son fuseau et elle accapare tout le lin.
La reine lui répondit :
- Donnez-moi votre fille, je l'emmènerai au château ; elle filera autant qu'elle voudra.
Elle la conduisit dans trois chambres qui étaient pleines de lin magnifique.
- Maintenant file cela, dit-elle, et quand tu en auras terminé, tu épouseras mon fils aîné.
La jeune fille eut peur : elle ne savait pas filer le lin. Et lorsqu'elle fut seule, elle se mit à pleurer et resta là trois jours durant à se tourner les pouces. Le troisième jour, la reine vint la voir. La jeune fille prit pour excuse sa tristesse qui l'avait empêchée de commencer.
La reine la crut, mais lui dit :
- Demain il faut que tu te mettes à travailler !

Lorsque la jeune fille fut seule, elle ne sut de nouveau plus ce qu'elle allait faire et, toute désolée, elle se mit à la fenêtre. Elle vit trois femmes qui s'approchaient. La première avait un pied difforme, la deuxième une lèvre inférieure qui lui couvrait le menton et la troisième un pouce extraordinairement large. Elle restèrent plantées sous la fenêtre, regardèrent en l'air et demandèrent à la jeune fille ce qui lui manquait. Elle leur expliqua ce qu'elle voulait.
Les trois dirent alors :
- Si tu nous invites au mariage, si tu n'as pas honte de nous, si tu nous dis tantes et si tu nous fais prendre place à ta table, alors, très vite, nous filerons le lin.
- De tout cœur, bien volontiers, dit-elle. Venez ici et mettez-vous tout de suite au travail.

Elle fit entrer les trois femmes étranges et leur installa un coin dans la première chambre, où elles se mirent à filer. L'une tirait le fil et faisait tourner le rouet, la deuxième mouillait le fil, la troisième frappait sur la table avec son doigt et une mesure de lin tombait par terre à chaque coup de pouce. La jeune fille cacha les trois fileuses à la reine et, chaque fois qu'elle venait, elle lui montrait l'énorme quantité de lin déjà traitée. La reine ne tarissait pas d'éloges. Lorsque la première chambre fut débarrassée, ce fut au tour de la deuxième et, finalement, de la troisième. Alors, les trois femmes prirent congé de la jeune fille en lui disant :
-N'oublie pas ce que tu nous a promis, ce sera pour ton bonheur !

Lorsque la Jeune fille montra à la reine les trois chambres vides et le lin filé, celle-ci prépara les noces et le fiancé se réjouit de prendre pour épouse une femme aussi adroite et il la loua fort.
- J'ai trois tantes, dit-elle, et comme elles ont été très bonnes pour moi, je voudrais bien ne pas les oublier dans mon bonheur. Permettez que je les invite à ma table.
La reine et le fiancé répondirent :
- Pourquoi ne les inviterions-nous pas ?
Lorsque la fête commença, les trois femmes arrivèrent magnifiquement vêtues et la fiancée dit :
- Soyez les bienvenues, chères tantes.
- Oh ! dit le fiancé, comment se fait-il que tu aies de l'amitié pour d'aussi vilaines personnes ? Il s'approcha de celle qui avait un pied difforme et lui dit:
- D'où vous vient ce pied si large ?
- D'avoir pédalé au rouet, répondit-elle.
Il vint à la deuxième et dit :
- D'où vous vient cette lèvre pendante ?
- D'avoir léché le fil, répondit-elle.
Il demanda à la troisième :
- D'où vous vient ce pouce si large ?
- D'avoir tordu le fil, dit-elle.
Alors le fils du roi dit :
- Que plus jamais ma jolie fiancée ne touche à un rouet.
Et c'est ainsi que la jeune fille n'eut plus jamais à faire ce qu'elle détestait.

Le mystérieux domaine de Trécesson

Il faut savoir que deux légendes s'attachent au château de Trécesson, magnifique demeure sise à l'orée de la forêt de Brocéliande.

La première légende: au XVIIIe siècle, une jeune mariée aurait été enterrée vive le matin même de son mariage. Les assassins étaient les propres frères de la jeune femme, deux garçons, furieux de l'union inconsidérée que leur soeur entendait contracter. Témoin de la scène, un braconnier s'enfuit et court raconter l'horreur à sa femme. Celle-ci lui dit:
"Va prévenir le châtelain, mais surtout ne lui parle pas de braconnage."

L'infortunée est déterrée encore vivante, mais elle ne tarde pas à expirer. Son voile et son bouquet furent longtemps exposés à la chapelle du château. Quant au fiancé, il entra dans les ordres.


La seconde légende: on disait la chambre du second étage, isolée au bout du couloir, hantée. Un jour, par courage, un invité voulut y dormir, mais il lui fut impossible de trouver le sommeil. Vers minuit, une porte, jusque-là invisible, s'ouvrit. Deux valets pénétrèrent dans la chambre, posèrent une table de jeu, puis cèdèrent la place à deux gentilhommes. Les joueurs commencèrent une partie de cartes. L'invitée tremblait et sortit un pistolet. Il tira en vain. Le jeu dura toute la nuit et l'invité finit par s'endormir. Au réveil, les gentilhommes avaient disparu, mais sur la table il y avait une grande pile de louis d'or. L'invité et le propriétaire du château vont se battre pour s'approprier la pile d'or.

Un procès s'ensuivit au Parlement de Bretagne. Mais, la légende ne dit pas qui gagna à ce jeu. Sans doute les avocats...

vendredi 17 octobre 2008

Le crocus des prairies

Wappee était le fils du chef de la tribu des Pieds Noirs. Estimé de tous, il vivait paisiblement entouré des siens.
N’ayant peur de rien, à l’abri des intempéries et des bêtes féroces dans le grand tipi, il grandissait en sagesse tout en suivant attentivement les enseignements de son père.

Quand Wappee eut douze ans, son père le fit venir.« Mon fils, le temps est venu pour toi de devenir un homme. Un jour, si les Esprits le veulent, tu seras le chef. Pour cela, tu dois te montrer à la hauteur de ton peuple. Tu dois partir dans les collines. Tu reviendras dans cinq nuits. Alors, peut-être seras-tu devenu un homme libre, capable de conduire les tiens.»

Wappee quitta la tribu le soir même et se dirigea vers les montagnes. Il s’installa sur le sommet de la plus haute colline. Seul avec les étoiles, il se sentit libre, prêt à affronter tous les obstacles. Au matin, Wappee se leva, le cœur léger. C’était une belle journée de printemps. La neige fondait lentement sous le chaud soleil. Wappee s’assit et médita sur son avenir. Il devait attendre qu’un Esprit bienveillant lui montre, par le biais du rêve, le chemin qui le mènerait de l’enfance vers l’âge adulte. Mais le jour progressait et Wappee ne voyait toujours rien. Aucune vision, ni âme qui vive, ne venait troubler le silence qui l’entourait. Très vite, la solitude et la peur s’emparèrent de lui.

Le soir venu, il s’allongea à nouveau dans l’espoir d’avoir une vision. Mais rien ne vint. Le lendemain se passa en tous points comme la veille. La journée chaude étala les couleurs de l’aube jusqu’au crépuscule pour se fondre ensuite dans la pénombre de la nuit. Wappee ne bougea pas. Il ne lui restait maintenant que trois nuits avant de retourner chez son père pour lui annoncer qu’il n’était pas devenu un homme, mais qu’il était un lâche. Le Grand Esprit ne lui avait pas permis de faire le rêve.

Plus le temps passait, plus Wappee ressentait la douleur de l’échec. Le matin suivant, alors qu’il observait les couleurs du soleil levant, il aperçut une petite fleur aussi blanche que la neige, qui reposait à ses côtés. La fleur ouvrait grand ses pétales pour y laisser entrer le soleil. Elle se balança lentement dans sa direction jusqu’à ce que son esprit troublé fut calmé par la vue des montagnes bleues et de l’herbe verte des prés.

Assis non loin de la fleur, Wappee observa les corbeaux et écouta le bruit du vent. Le jour baissait. La montagne devint rose, puis magenta. Bientôt le soleil disparut, laissant place à l’obscurité.

Mais cette fois, Wappee ne se sentait plus seul. Il avait maintenant une amie : « Petite sœur, dit-il, toi si fragile, que fais-tu dans cet endroit froid et venteux? Je vais me coucher près de toi pour te réchauffer. Mais je ne veux pas t’écraser. »

Et pendant qu’une partie de son esprit se reposait l’autre partie veillait sur la petite fleur blanche. Lorsque la nuit se prépara à rencontrer le jour, la fleur parla : « Écoute, Wappee. Hier, tu étais triste car tu ne connaissais pas la peur. Celui qui ne connaît pas la peur est fragile. L’homme sage apprend à vivre avec elle. »Le jeune indien, surpris, s’approcha de la fleur pour mieux l’entendre. Mais la fleur se tût, en se balançant au gré du vent.

Toute la journée, Wappee ne cessait de penser à ce que la fleur lui avait dit. La nuit suivante, il protégea encore la petite fleur avec son manteau de fourrure.

Puis, à l’aube, la fleur parla : «Tu as bon cœur, Wappee. Tu iras loin.»

Puis, elle se tût jusqu’à la nuit suivante. Au lever du jour, elle dit encore : «La sagesse et un coeur bon sont les qualités d’un grand chef. Si tu as des difficultés, reviens vers les collines, elles t’apporteront la paix et la chaleur.»

Puis Wappee s’endormit paisiblement. Son sommeil fut peuplé de visions : devenu chef de sa tribu, il la vit heureuse et prospère. Il était maintenant temps pour Wappee de retourner vers les siens. Cependant, avant de partir, il dit à la fleur : « Petite sœur, pendant trois nuits, tu m’as consolé de ma solitude, tu m’as aidé à avoir des visions. Demande-moi ce que tu veux et j’irai voir le Grand Esprit pour qu’il exauce tes vœux.»

La petite fleur répondit : «Wappee, demande au Grand Esprit de m’habiller de bleu et de violet, comme les montagnes, afin que les hommes puissent me voir et me tenir en compagnie, un petit soleil doré que je garderai tout au fond de mon cœur pour me consoler les jours de pluie, un manteau chaud pour que je puisse faire face au vent froid qui souffle et à la neige qui fond. Ainsi, j’apporterai confort et espérance à tous les hommes.»
Le Grand Esprit, qui avait entendu cette conversation fut sincèrement touché par la bonté de Wappee envers la fleur aussi, répondit-il aux souhaits de ce dernier.La petite fleur blanche devint alors bleue et violette avec au centre un cœur chaud et doré, enveloppé d’un manteau de verdure. Cette petite fleur s’appelle le crocus des prairies. Les hommes admirent sa force et sa fragilité, ses couleurs et sa chaleur.

Elle est aujourd’hui l’emblème floral du Manitoba.

Création de la Terre

Il y a fort longtemps, le Grand Esprit regarda la Terre qu'il avait créée à l'image de la vision qu'il avait eue et son coeur s'emplit de tristesse. Les minéraux, les plantes, les animaux et les humains avaient tous oubliés la loi de l'unité selon laquelle ils devaient vivre. Ils luttaient les uns contre les autres à propos de la moindre idée ou de la moindre action, et ils considéraient que les pouvoirs et les talents qui leur avaient été donnés leur appartenaient ; ils montraient jalousie, haine et cupidité.

Le Grand Esprit jugea que la Terre ne pouvait continuer sur cette voie. Il tenta d'envoyer des messages à tous ses enfants, les conjurant de vivre mieux, mais seuls quelques-uns parmi les minéraux, les plantes et les animaux les entendirent.

Les humains restèrent sourds. Aussi décida-t-il d'envoyer ceux qui n'écoutaient pas dans différents royaumes où ils entendraient et apprendraient les enseignements. Il appela tous les esprits de l'eau et ils descendirent ensemble sur la Terre. La pluie vint et déversa partout ses rivières. Les vagues s'élevèrent et submergèrent îles et continents. Seuls les minéraux et quelques plantes et animaux survécurent.
Cependant le Grand Esprit était toujours aussi triste, car une Terre sans hommes n'était pas à l'image de la vision qu'il avait reçue. En haut, dans les nuages, vivait une femme esprit qui avait autrefois vécu sur la Terre. La plus grande partie de la vie s'était éteinte : elle n'avait plus rien à regarder, personne à aider, et elle se sentait seule. Elle demanda au Grand Esprit de lui envoyer un esprit mâle. Il en vit un, ils s'unirent et elle fut fécondée. L'esprit mâle s'en alla car il avait rempli son rôle. Elle était de nouveau seule dans les cieux. Les animaux sur la Terre étaient seuls eux aussi et ils désiraient ardemment une compagnie semblable à celle que les humains leur avaient dispensée dans les premiers temps, lorsqu'ils respectaient encore la loi de l'unité. Ils virent la femme dans le ciel et ils décidèrent de l'inviter à venir sur la Terre. Mais ils étaient perplexes parce qu'ils savaient qu'elle aurait besoin de terre ferme pour se déplacer et tout était inondé.

Tandis qu'ils étaient rassemblés en conseil, assis sur quelques rochers qui émergeaient au-dessus des eaux, se demandant quoi faire, la Tortue géante vint et sortit sa tête de l'eau : "Amis, dit la Tortue, mon dos est large et fort. Peut-être la Femme du Ciel acceptera-t-elle de venir si je le mets hors de l'eau ; elle pourrait ainsi venir dessus et y rester.
- Merveilleux, dit l'Ours, chef du conseil, ce serait la solution idéale. Nous lui demanderons de rester avec nous et d'avoir ses enfants ici ; ils grandiront parmi nous et tout jeunes apprendront l'harmonie dans laquelle ils doivent vivre. Et peut-être enseigneront-ils cela à leurs enfants."
Les animaux dirent à la Tortue de sortir son dos de l'eau et, depuis leurs différents rochers, tous rampèrent dessus. Ils couraient ça et là, et sautaient, et bondissaient, et jouaient parce qu'ils étaient heureux d'avoir à nouveau un grand espace où marcher, et ils voulaient aussi être surs que tout ce mouvement n'incommoderait pas la Tortue. Ils savaient que les hommes feraient beaucoup plus de mouvements. Quand ils furent convaincus que c'était un foyer agréable, ils appelèrent la Femme du Ciel et lui demandèrent de descendre et de rester parmi eux. Elle accepta, heureuse de ne plus être seule désormais. Après être descendue, elle marcha tout autour du dos de la Tortue et vit que c'était vraiment une grande et belle maison. Cela lui prit plusieurs jours car la Tortue était très grande.

Quand elle revint à l'est, d'où elle était partie, elle dit "Tortue, tu es un animal fort et courageux de m'offrir ton dos, ainsi qu'à tous les humains qui viendront de moi et de mes enfants. Si tu demeures notre maison pour toujours, tu ne pourras faire tout ce que font habituellement les tortues, aussi vais-je te venir en aide. Les animaux aquatiques vont aller chercher de la terre au fond de l'océan et ils me la rapporteront."

Tous les animaux aquatiques plongèrent. Quelques-uns rapportèrent un grain de terre, mais cela ne suffisait pas. Enfin, alors qu'ils étaient tous sur le point d'abandonner, le rat musqué revint avec de la boue plein la bouche et, avant de s'effondrer, il la déposa aux pieds de la Femme du Ciel. Après avoir utilisé sa médecine pour ranimer le rat musqué, la Femme prit la terre et fit à nouveau le tour du dos de la Tortue. Tout en marchant, elle laissa tomber de la terre partout sur le dos.
Quand elle revint à son point de départ, elle souffla le souffle de vie sur la terre et celle-ci se multiplia, couvrant tout le dos de la tortue. "Tortue, dit la Femme du Ciel, tu peux à présent retourner à ta vie. Mais en l'honneur du sacrifice que tu as consenti et que tu étais prête à faire, cette terre s'appellera l'Ile de la Tortue, et même si tu es avant tout une créature de l'eau, on pensera à toi comme à une créature de cette Terre, cette partie de la Terre."

Et c'est ainsi que la Tortue devint le totem du clan de la Terre.

Le loup et les sept chevreaux


Il était une fois une vieille chèvre qui avait sept chevreaux et les aimait comme chaque mère aime ses enfants. Un jour, elle voulut aller dans la forêt pour rapporter quelque chose à manger, elle les rassembla tous les sept et leur dit :

- Je dois aller dans la forêt, mes chers enfants. Faites attention au loup ! S'il arrivait à rentrer dans la maison, il vous mangerait tout crus. Ce bandit sait jouer la comédie, mais il a une voix rauque et des pattes noires, c'est ainsi que vous le reconnaîtrez.

- Ne t'inquiète pas, maman, répondirent les chevreaux, nous ferons attention. Tu peux t'en aller sans crainte.
La vieille chèvre bêla de satisfaction et s'en alla.
Peu de temps après, quelqu'un frappa à la porte en criant :
- Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre mère est là et vous a apporté quelque chose. Mais les chevreaux reconnurent le loup à sa voix rude.
- Nous ne t'ouvrirons pas, crièrent- ils. Tu n'es pas notre maman. Notre maman a une voix douce et agréable et ta voix est rauque. Tu es un loup !

Le loup partit chez le marchand et y acheta un grand morceau de craie. Il mangea la craie et sa voix devint plus douce. Il revint ensuite vers la petite maison, frappa et appela à nouveau :
- Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre maman est de retour et vous a apporté pour chacun un petit quelque chose.

Mais tout en parlant il posa sa patte noire sur la fenêtre ; les chevreaux l'aperçurent et crièrent :
- Nous ne t'ouvrirons pas ! Notre maman n'a pas les pattes noires comme toi. Tu es un loup !
Et le loup courut chez le boulanger et dit :
- Je me suis blessé à la patte, enduis-la-moi avec de la pâte.
Le boulanger lui enduisit la patte et le loup courut encore chez le meunier.
- Verse de la farine blanche sur ma patte ! commanda-t-il.
- Le loup veut duper quelqu'un, pensa le meunier, et il fit des manières.
Mais le loup dit :
- Si tu ne le fais pas, je te mangerai.

Le meunier eut peur et blanchit sa patte. Eh oui, les gens sont ainsi !Pour la troisième fois le loup arriva à la porte de la petite maison, frappa et cria :
- Ouvrez la porte, mes chers petits, maman est de retour de la forêt et vous a apporté quelque chose.
- Montre-nous ta patte d'abord, crièrent les chevreaux, que nous sachions si tu es vraiment notre maman.

Le loup posa sa patte sur le rebord de la fenêtre, et lorsque les chevreaux virent qu'elle était blanche, ils crurent tout ce qu'il avait dit et ouvrirent la porte. Mais c'est un loup qui entra. Les chevreaux prirent peur et voulurent se cacher. L'un sauta sous la table, un autre dans le lit, le troisième dans le poêle, le quatrième dans la cuisine, le cinquième s'enferma dans l'armoire, le sixième se cacha sous le lavabo et le septième dans la pendule.

Mais le loup les trouva et ne traîna pas : il avala les chevreaux, l'un après l'autre. Le seul qu'il ne trouva pas était celui caché dans la pendule. Lorsque le loup fut rassasié, il se retira, se coucha sur le pré vert et s'endormit.
Peu de temps après, la vieille chèvre revint de la forêt. Ah, quel triste spectacle l'attendait à la maison ! La porte grande ouverte, la table, les chaises, les bancs renversés, le lavabo avait volé en éclats, la couverture et les oreillers du lit traînaient par terre. Elle chercha ses petits, mais en vain. Elle les appela par leur nom, l'un après l'autre, mais aucun ne répondit.

C'est seulement lorsqu'elle prononça le nom du plus jeune qu'une petite voix fluette se fit entendre :

- Je suis là, maman, dans la pendule ! Elle l'aida à en sortir et le chevreau lui raconta que le loup était venu et qu'il avait mangé tous les autres chevreaux. Imaginez combien la vieille chèvre pleura ses petits ! Toute malheureuse, elle sortit de la petite maison et le chevreau courut derrière elle.

Dans le pré, le loup était couché sous l'arbre et ronflait à en faire trembler les branches. La chèvre le regarda de près et observa que quelque chose bougeait et grouillait dans son gros ventre.
- Mon Dieu, pensa-t-elle, et si mes pauvres petits que le loup a mangés au dîner, étaient encore en vie ?
Le chevreau dut repartir à la maison pour rapporter des ciseaux, une aiguille et du fil.

La chèvre cisailla le ventre du monstre, et aussitôt le premier chevreau sortit la tête ; elle continua et les six chevreaux en sortirent, l'un après l'autre, tous sains et saufs, car, dans sa hâte, le loup glouton les avaient avalés tout entiers. Quel bonheur ! Les chevreaux se blottirent contre leur chère maman, puis gambadèrent comme le tailleur à ses noces.

Mais la vieille chèvre dit :
- Allez, les enfants, apportez des pierres, aussi grosses que possible, nous les fourrerons dans le ventre de cette vilaine bête tant qu'elle est encore couchée et endormie. Et les sept chevreaux roulèrent les pierres et en farcirent le ventre du loup jusqu'à ce qu'il soit plein. La vieille chèvre le recousit vite, de sorte que le loup ne s'aperçut de rien et ne bougea même pas.
Quand il se réveilla enfin, il se leva, et comme les pierres lui pesaient dans l'estomac, il eut très soif. Il voulut aller au puits pour boire, mais comme il se balançait en marchant, les pierres dans son ventre grondaient.
Cela grogne, cela gronde, mon ventre tonne ! J'ai avalé sept chevreaux, n'était-ce rien qu'une illusion ?Et de lourdes grosses pierres les remplacèrent.
Il alla jusqu'au puits, se pencha et but. Les lourdes pierres le tirèrent sous l'eau et le loup se noya lamentablement. Les sept chevreaux accoururent alors et se mirent à crier :
- Le loup est mort, c'en est fini de lui !Et ils se mirent à danser autour du puits et la vieille chèvre dansa avec eux.

jeudi 16 octobre 2008

Bout de paille, braise et haricot

Dans un petit village vivait une pauvre vieille femme, qui s'était ramassé un plat de haricots et voulait les faire cuire. Elle dressa son feu dans la cheminée et l'alluma avec une bonne poignée de paille pour qu'il brûle plus vite.

Quand elle mit ses haricots dans la marmite, il y en eut un qui lui échappa par mégarde, et qui vint choir sur le sol juste à côté d'un brin de paille ; l'instant d'après, c'était un bout de braise qui sautait du foyer et qui venait tomber auprès des autres.
Le bout de paille entama la conversation :
- Chers amis, d'où arrivez-vous comme cela ?
- La chance m’a permis de sauter hors du feu, répondit la braise et sans la force de cet élan, c'était pour moi la mort certaine : je serais maintenant réduite en cendres.
- Je l’ai échappé belle aussi, répondit le haricot à son tour, car si la vieille femme m’avait jeté dans la marmite, irrémissiblement c'en était fait de moi et j'étais cuit avec les autres.
- Croyez-vous peut-être que le j’aurais eu un destin plus clément ? reprit le bout de paille. Tous mes frères, la vieille les a fait passer en feu et en fumée : soixante d'un coup, qu'elle avait pris, auquel elle a ôté la vie ! Moi, par bonheur, je lui ai filé entre les doigts.
- Et maintenant, qu’est-ce que nous allons faire ? demanda la braise.
- A mon avis, dit le haricot, puisque nous avons tous les trois sites miraculeusement échappé à la mort, nous devrions nous unir en bons camarades et partir tous d'ici pour gagner un autre pays, afin d'éviter quelque nouveau malheur.
La proposition convint aux deux autres, et tous ensemble ils se mirent en chemin. Ils arrivèrent bientôt devant un ruisselet qui n'avait pas le moindre pont, ni-même une passerelle le, et ils ne savaient pas comment passer de l'autre côté.
Le fétu eut alors une bonne idée et dit : « Je vais me coucher en travers, et vous pourrez ainsi passer sur moi comme sur un pont. »
La paille, donc, se suspendit entre une rive et l'autre, et sur ce pont improvisé, la braise, avec son naturel ardent, s'avança hardiment, mais à tout petits pas pour ne pas renverser le fragile édifice. Arrivée au milieu, toutefois, en entendant le bruit que faisait le courant au-dessous d'elle, la peur la prit et elle s'immobilisa, n'osant pas se risquer plus avant ; aussi le bout de paille commença-t-il à prendre feu, se rompant net par le milieu et tombant dans l'eau, entraînant dans sa perdition la braise, qui chuinta en touchant l’eau et rendit aussitôt l'esprit.
Le haricot, demeuré prudemment sur la rive, partit d'un tel fou rire en voyant cette histoire, et s’en tordit tellement sans pouvoir s'arrêter, que, pour finir, il éclata. C’en eût été fini de lui pareillement, si par bonheur un compagnon tailleur qui faisait son tour d'Allemagne ne s'était arrêté au bord de ce ruisseau pour se reposer. Par ce qu'il avait bon cœur et l'âme secourable, le tailleur prit du fil et une aiguille et se mit aussitôt à le recoudre. Le haricot lui en fit ses remerciements chaleureux et choisis comme on l'imagine ; mais comme il avait utilisé du fil noir, c'est pour cela que, depuis ce temps -là, tous les haricots ont une couture noire.

Les anges


Les anges gardiens sont des êtres de lumière aimants et protecteurs. Nous avons tous un jour demandé une aide à notre ange gardien, nous lui avons tous demandé de nous faire un signe pour nous confirmer son existence. Les anges existent et adorent communiquer avec nous.
De très nombreuses traditions de part le monde font état d'entités invisibles, mais présentes à nos côtés et dans le monde qui nous entoure, sur des plans d'existence parallèles, des dimensions vibratoires différentes. Ces entités apparaissent parfois, ou se laissent capter par nos sens dans certaines circonstances.

Chat et souris associés

- Il nous faudra faire nos réserves de nourriture pour l'hiver, dit le chat, sinon nous risquons de mourir de faim. Toi, ma petite souris, tu ne peux pas aller partout, tu pourrais te faire prendre dans un piège.C'était une bonne idée. Ils achetèrent alors un petit pot de saindoux mais ne savaient pas où le cacher.

Ils réfléchirent longtemps et, finalement, le chat décida :
- Sais-tu ce que nous allons faire ? Nous le cacherons dans l'église ; on ne peut imaginer meilleure cachette ! Personne n'oserait emporter quelque chose d'une église. Nous poserons le pot sous l'autel et nous ne l'entamerons qu'en cas de nécessité absolue.
Ils portèrent donc le pot en ce lieu sûr, mais très vite le chat eut envie de saindoux. Il dit à la souris:
- Je voulais te dire, ma petite souris, ma cousine m'a demandé d'être le parrain de leur petit dernier. Ils ont eu un petit, blanc avec des taches marron et je dois le tenir pendant le baptême. Laisse-moi y aller, et occupe-toi aujourd'hui de la maison toute seule, veux-tu ?
- Bien sûr, sans problème, acquiesça la souris, vas-y, si tu veux, et pense à moi quand tu mangeras des bonnes choses. J'aurais bien voulu, moi aussi, goûter de ce bon vin doux qu'on donne aux jeunes mamans.
Mais tout cela était faux ; le chat n'avait pas de cousine et personne ne lui avait demandé d'être parrain. Il s'empressa d'aller à l'église, rampa jusqu'au petit pot de saindoux et lécha jusqu'à avoir mangé toute la graisse du dessus. Ensuite, il partit se promener sur les toits pour voir ce qui se passait dans le monde, et puis surtout pour trouver encore quelque chose de bon à manger. Puis il s'allongea au soleil. Et chaque fois qu'il se souvenait du petit pot de saindoux, il se léchait les babines et se caressait la moustache. Il ne rentra à la maison que dans la soirée.
- Te voilà enfin de retour ! l'accueillit la petite souris. T'es-tu bien amusé ? Vous avez dû bien rire.
- Oui, ce n'était pas mal, répondit le chat.
- Et quel nom avez-vous donné à ce chaton ? demanda la souris.
- Sanledessu, répondit sèchement le chat.
- Sanledessu ? chicota la souris, quel drôle de nom ! Assez rare, dirais-je. Est-il courant dans votre famille ?
- Tu peux dire ce que tu veux, rétorqua le chat, mais ce n'est pas pire que Volemiettes, le nom de tes filleuls.
Peu de temps après, le chat se sentit de nouveau l'eau venir à la bouche.
- Sois gentille, supplia-t-il, occupe-toi encore une fois de la maison toute seule. Fais cela pour moi, petite souris ; on m'a encore demandé d'être le parrain. Le chaton a une collerette blanche au cou, je ne peux pas refuser.
La gentille souris fut d'accord. Et le chat se glissa à travers le mur de la ville, s'introduisit dans l'église et vida la moitié du pot de saindoux.
- Rien à faire, se dit-il, c'est bien meilleur quand on mange tout seul.Et il se félicita de son exploit.
Lorsqu'il arriva à la maison, la petite souris demanda :
- Comment avez-vous baptisé le bébé ?
- Miparti, répondit le chat.
- Miparti ? Pas possible ! je n'ai jamais entendu un nom pareil. Je parie qu'il n'est même pas dans le calendrier.
Le chat ne tarda pas à se sentir de nouveau l'eau à la bouche en pensant au pot de saindoux.
- Jamais deux sans trois, dit-il à la souris. On me demande de nouveau d'être le parrain. L'enfant est tout noir, seules les pattes sont blanches, elles mis à part, il n'a pas un seul poil blanc. Un enfant comme ça ne naît qu'une fois par siècle ! Tu me laisseras y aller, n'est-ce pas ?
- Sanledessu ! Miparti ! répondit la souris, ce sont des noms si étranges. Cela ne s'est jamais vu. Ils me trottent dans la tête sans arrêt.
- C'est parce que tu restes tout le temps ici, avec ta vilaine robe gris foncé à longue natte, tu passes toutes tes journées enfermée ici, pas étonnant que tout se brouille dans ta tête, dit le chat. Voilà ce qui arrive quand on passe sa vie dans ses pantoufles.
Le chat parti, la petite souris fit le ménage dans toute la maison. Pendant ce temps-là, le chat gourmand vida entièrement le pot de saindoux.
- Et voilà, pensa-t-il, maintenant que j'ai tout mangé, je ne serai plus tenté.
Si repu qu'il s'essoufflait en marchant, il ne rentra à la maison que la nuit, mais serein.
La petite souris lui demanda aussitôt le nom du troisième chaton.
- Je suis sûr que tu n'aimeras pas, répondit le chat. Il s'appelle Toufini.
- Toufini ! chicota la souris. Cela parait suspect, ce nom ne me dit rien qui vaille. Je ne l'ai jamais vu imprimé quelque part. Toufini ! Qu'est ce que cela veut dire, en fait ?Elle hocha la tête, se roula en boule et s'endormit.
Depuis ce jour, plus personne n'invita le chat à un baptême.L'hiver arriva, et dehors, il n'y avait rien à manger. La petite souris se rappela qu'ils avaient quelque chose en réserve.
- Viens, mon chat, allons chercher notre pot de saindoux que nous avons caché pour les temps durs. On va se régaler.
- Tu te régaleras, tu te régaleras, marmonna le chat, cela sera comme si tu sortais ta petite langue fine par la fenêtre.
Ils s'en allèrent et lorsqu'ils arrivèrent dans l'église, le pot était toujours à sa place mais vide.
- « Ça y est, dit la souris, je comprends tout, j'y vois clair à présent. Tu parles d'un ami ! Tu as tout mangé quand tu allais « faire le parrain » : d'abord « Sanledessu », puis « Miparti » et pour finir...
- Tais-toi, coupa le chat, encore un mot et je te mange !Mais la petite souris avait le « Toufini » sur la langue, et à peine l'eut-elle prononcé que le chat lui sauta dessus, l'attrapa et la dévora.Eh oui, ainsi va le monde.